L’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) vient de prendre une décision majeure qui pourrait redéfinir la prise en charge des personnes âgées en France. Alors que l’organisation avait initialement prévu de transformer une grande partie de ses unités de soins de longue durée (USLD) en établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), elle a récemment décidé de conserver et de réorienter ces lits vers les patients les plus lourds et instables.
L’AP-HP a récemment fait volte-face en matière de soins aux personnes âgées. Initialement, l’organisation avait envisagé de convertir environ 50% de ses lits d’USLD en Ehpad ou en d’autres formes de prise en charge médico-sociale. Cependant, une récente décision de la commission médicale d’établissement (CME) a changé la donne. En effet, le nombre croissant de personnes âgées en Île-de-France, qui devrait presque doubler d’ici 2040, a conduit à cette réorientation stratégique.
Pourquoi ce changement? La réponse réside dans les défis croissants que pose le vieillissement de la population. Selon les données, 21% des séjours en soins médicaux et de réadaptation (SMR) gériatrique sont deux fois supérieurs à la durée moyenne de séjour (DMS) de référence. De plus, 13% des séjours sont en attente d’un établissement adéquat dès la première semaine. Face à ces chiffres, l’AP-HP a décidé de conserver et de recentrer ses lits d’USLD sur les patients les plus lourds et instables.
Par ailleurs, la nouvelle stratégie s’inscrit dans un contexte plus large de transformation des soins pour les personnes âgées. Des projets ont été développés pour renforcer la présence de gériatres aux services d’accueil des urgences (SAU), sécuriser les sorties et développer la télémédecine. En somme, l’AP-HP souhaite donner une nouvelle impulsion à la gériatrie, avec un focus particulier sur les USLD.
Néanmoins, cette réorientation pose des questions. Notamment, comment s’aligne-t-elle avec les recommandations de Claude Jeandel et Olivier Guérin qui préconisaient de “requalifier” 10.000 places d’USLD en unités de soins prolongés complexes (USPC)? Selon l’AP-HP, cette idée “s’éloigne”, ce qui soulève des interrogations sur la cohérence de la stratégie à long terme.
Le changement de cap de l’AP-HP est une réponse adaptée aux défis croissants posés par le vieillissement de la population. Toutefois, il reste à voir comment cette nouvelle orientation s’intégrera dans le paysage plus large des soins aux personnes âgées en France. Ce qui est certain, c’est que ce changement marque une étape importante dans la manière dont nous envisageons les soins pour les personnes âgées.