Dans un monde où les tensions sont à leur comble, le milieu médical n’est pas épargné par les comportements agressifs. La question de la prévention de l’agressivité dans le parcours du patient ou du résidant en établissement de santé est plus que jamais d’actualité. Comment anticiper et gérer ces situations délicates ? Quelles sont les meilleures pratiques pour assurer la sécurité de tous ?
Le repérage des risques d’agressivité est la première étape cruciale. Il s’appuie sur l’historique du patient, ainsi que sur la présence de troubles cognitifs, psychiatriques ou addictifs. Ce repérage doit être immédiatement transmis aux professionnels de santé concernés, tels que le psychologue, l’IDEC/Cadre de soin, et/ou le médecin ou psychiatre de l’établissement.
Ensuite, il est essentiel d’élaborer un accompagnement adapté. Celui-ci peut être non-médicamenteux, en privilégiant une approche positive, ou médicamenteux. Des adaptations techniques, comme l’installation de serrures anti-panique ou de poignées de porte à code, peuvent également être mises en place pour réduire les risques.
Le choix du lieu de vie du patient ou du résidant est également crucial. Il doit être fait en tenant compte des risques potentiels d’agression. Par exemple, une unité Alzheimer peut ne pas être adaptée pour des résidants totalement dépendants ou en fin de vie.
Il est important de noter que tous les objets peuvent être détournés de leur usage initial par un patient ou un résidant hétéroagressif. Ainsi, l’adaptation de l’environnement doit être pondérée en fonction du risque réel et de l’utilité de l’objet.
Durant la période d’adaptation, une évaluation du risque d’agressivité est effectuée. Si un risque est identifié, des solutions préventives sont recherchées, que ce soit au sein de l’établissement ou en externe. Ces actions sont consignées dans le projet personnalisé ou thérapeutique du patient.
Au cours du séjour, les équipes de soins notent les troubles psycho-comportementaux. Ces notes permettent d’apprécier le plus finement possible les risques évoqués et d’ajuster les mesures préventives en conséquence.
En cas d’agression sans conséquence apparente, plusieurs actions immédiates sont à réaliser : mettre en sécurité la personne agressée, éloigner l’agresseur, effectuer les soins nécessaires, prévenir la direction, déclarer l’événement et tracer l’ensemble des mesures prises.
Pour les agressions avec conséquences physiques et/ou psychiques graves, des mesures supplémentaires sont nécessaires. Il peut s’agir d’hospitalisation en milieu adapté ou de mesures d’hospitalisation contrainte.
La Violence en Milieu Hospitalier : Un Problème de Société
La violence en milieu hospitalier est un sujet qui préoccupe de plus en plus les professionnels de la santé et les autorités. Selon un rapport de la MACSF, cette violence a un impact direct sur la qualité de la vie au travail et, par conséquent, sur la qualité des soins offerts aux patients. Les services de psychiatrie, de gériatrie et des urgences sont les plus touchés. Les personnels soignants ou administratifs sont souvent les premiers à intervenir pour régler des situations conflictuelles, avant que les forces de l’ordre ne soient sollicitées en cas d’échec. Les suites judiciaires sont rares, car les soignants, souvent empathiques, hésitent à porter plainte.

La Haute Autorité de Santé (HAS) propose des stratégies pour éviter l’escalade vers la violence. Il s’agit notamment de repérer et suivre les signes précurseurs et les circonstances de déclenchement de la violence. L’écoute et la présence bienveillantes sont également recommandées pour maintenir une relation saine avec le patient.
L’angle souvent négligé dans cette discussion est celui de la méconnaissance des droits par les personnels de santé. Beaucoup ignorent les protections légales dont ils bénéficient, comme le code pénal et le code de procédure pénale, ou la protection fonctionnelle. Cette méconnaissance peut les rendre plus vulnérables en cas d’agression. Il est donc crucial de sensibiliser les personnels de santé sur leurs droits et les moyens à mettre en œuvre lorsqu’ils sont agressés. Cette protection est indispensable pour les aider à accomplir leur mission dans des conditions sereines et pour qu’ils se sachent soutenus par leur établissement.