Record de candidatures infirmières : les EHPAD enfin soulagés face à la pénurie de personnel ?

Recrutement EHPAD : 720 000 vœux pour la formation infirmière en 2025. Une embellie historique qui laisse espérer un renforcement des effectifs d’ici 2028.

Après des années de tensions sur les recrutements, une bonne nouvelle se dessine pour les EHPAD : la formation infirmière suscite un engouement record sur Parcoursup en 2025. Avec plus de 720 000 vœux exprimés, le diplôme d’État infirmier se hisse à la troisième place des formations les plus demandées. Cette dynamique laisse entrevoir un renforcement progressif des effectifs dans les établissements médico-sociaux, après plusieurs années de pénurie chronique qui a mis les équipes sous pression.

Un succès qui redonne espoir aux établissements

Les chiffres de la campagne Parcoursup 2025 parlent d’eux-mêmes : 722 901 vœux ont été formulés pour intégrer un Institut de Formation en Soins Infirmiers (IFSI). Ce volume place la formation infirmière juste derrière le PASS (Parcours d’Accès Spécifique Santé) qui comptabilise 842 137 vœux, et les écoles d’ingénieurs avec 747 499 vœux.

Pour les directeurs d’EHPAD et les équipes soignantes, cette tendance représente un signal encourageant. La pénurie d’infirmiers et d’infirmières impacte quotidiennement le fonctionnement des établissements : amplitudes horaires étendues, difficultés à assurer la continuité des soins, recours massif à l’intérim et épuisement des équipes en place.

L’afflux de candidats vers les IFSI préfigure une augmentation du nombre de diplômés d’ici trois ans, durée nécessaire pour obtenir le diplôme d’État. Cette perspective offre enfin une lueur d’espoir après des années de tensions où certains postes restaient vacants pendant des mois.

Une réforme qui a finalement porté ses fruits

L’intégration de la sélection des futurs infirmiers dans Parcoursup a constitué un virage majeur. Mise en place en 2024, cette réforme a remplacé le traditionnel concours d’entrée en IFSI. Le changement avait suscité des inquiétudes légitimes, notamment de la part des organismes de préparation privés qui redoutaient une baisse d’attractivité de la filière.

Les résultats 2025 prouvent que ces craintes n’étaient pas fondées. L’accessibilité accrue via la plateforme nationale semble au contraire avoir démocratisé l’accès à la formation infirmière et attiré davantage de candidats issus de parcours variés.

Cette stabilisation du système profite directement au secteur médico-social. Elle garantit une visibilité accrue sur les effectifs futurs et permet aux établissements d’anticiper leurs besoins en recrutement avec plus de sérénité.

Les avantages de la réforme pour les candidats

  • Simplification des démarches : un seul dossier centralisé sur Parcoursup
  • Fin des frais d’inscription à des concours multiples
  • Transparence sur les critères de sélection de chaque IFSI
  • Possibilité de candidater simultanément dans plusieurs établissements
  • Meilleure information sur les attendus de la formation

Des disparités régionales à prendre en compte

Si l’engouement global est au rendez-vous, tous les IFSI ne bénéficient pas de la même attractivité. Les instituts rattachés aux universités et aux UFR de médecine enregistrent les meilleures performances. L’Unité de Formation et de Recherche des Sciences Médicales de l’Université de Rennes occupe ainsi la première position avec une note de 16,24, suivie par l’Université d’Amiens (16,16).

À l’inverse, certains IFSI situés dans des territoires moins attractifs ou plus éloignés des grands centres urbains peinent à remplir leurs promotions. Cette inégalité territoriale risque de reproduire les déséquilibres déjà observés dans la répartition des professionnels de santé.

Pour les EHPAD ruraux ou situés dans des zones sous-dotées en professionnels de santé, le défi du recrutement pourrait donc persister, même avec l’augmentation globale du nombre de diplômés. Ces établissements devront continuer à développer des stratégies d’attractivité spécifiques : politique salariale valorisante, conditions de travail adaptées, accompagnement des nouveaux diplômés, perspectives d’évolution professionnelle.

Point de vigilance pour les directeurs : L’augmentation du nombre de diplômés ne résoudra pas automatiquement les difficultés de recrutement dans tous les territoires. Une stratégie RH proactive reste indispensable.

Une croissance déjà amorcée des effectifs

Le nombre d’infirmiers diplômés a progressé de 4 % entre 2023 et 2024. Cette tendance devrait s’accélérer dans les trois prochaines années grâce à l’afflux actuel de candidats dans les IFSI.

Pour les EHPAD, cette perspective se traduit par des opportunités concrètes :

  • Renforcement des équipes soignantes et réduction de la charge de travail individuelle
  • Diminution du recours à l’intérim, avec les économies budgétaires associées
  • Amélioration de la continuité des soins grâce à des effectifs stabilisés
  • Possibilité de développer des projets de soins innovants avec des équipes au complet
  • Réduction de l’épuisement professionnel lié aux sous-effectifs chroniques

Ces évolutions ne seront pleinement perceptibles qu’à partir de 2028, lorsque les étudiants actuellement en première année obtiendront leur diplôme. D’ici là, les établissements devront maintenir leurs efforts pour fidéliser les professionnels en poste et continuer à attirer les diplômés.

Préparer l’accueil des nouveaux diplômés

Face à cette perspective d’arrivée de jeunes professionnels sur le marché du travail, les EHPAD ont tout intérêt à anticiper et à préparer leur attractivité auprès de cette nouvelle génération d’infirmiers.

Les attentes des jeunes diplômés

Les nouveaux infirmiers expriment des attentes spécifiques qu’il convient de prendre en compte :

  1. Un accompagnement renforcé en début de carrière : tutorat structuré, formation continue, possibilité d’échanger avec des pairs
  2. Un équilibre vie professionnelle/vie personnelle : respect des temps de repos, limitation des astreintes, horaires prévisibles
  3. Des perspectives d’évolution : accès à des formations complémentaires, possibilité de se spécialiser (plaies, douleur, accompagnement de fin de vie)
  4. Une reconnaissance salariale : rémunération attractive, primes, avantages sociaux
  5. Un environnement de travail de qualité : matériel adapté, locaux agréables, soutien managérial

Les EHPAD qui sauront répondre à ces attentes se positionneront favorablement dans la compétition pour attirer les talents. Développer une marque employeur attractive devient un enjeu stratégique pour les années à venir.

Des partenariats à développer avec les IFSI

Pour anticiper l’arrivée de ces futurs professionnels, les établissements ont tout intérêt à tisser des liens étroits avec les IFSI de leur territoire. Ces partenariats peuvent prendre plusieurs formes :

  • Accueil de stagiaires avec un accompagnement de qualité qui donne envie de revenir
  • Participation aux forums emploi organisés par les instituts de formation
  • Interventions de professionnels de l’EHPAD dans les enseignements
  • Propositions de contrats d’apprentissage permettant aux étudiants de financer leurs études
  • Journées portes ouvertes pour faire découvrir les métiers en EHPAD

Ces initiatives permettent de créer un vivier de candidats potentiels qui connaissent déjà l’établissement et son projet de soins. Elles contribuent également à améliorer l’image des EHPAD auprès des futurs diplômés, un secteur parfois perçu comme moins attractif que l’hôpital par les jeunes professionnels.

Conseil pratique : Désignez un référent « relations écoles » dans votre établissement, chargé de maintenir le lien avec les IFSI locaux et de coordonner l’accueil des stagiaires.

L’enjeu de la fidélisation reste central

Si l’augmentation du nombre de diplômés constitue une excellente nouvelle, elle ne dispense pas les établissements de travailler sur la fidélisation des professionnels déjà en poste. Un turnover élevé annulerait les bénéfices de l’augmentation des effectifs.

Les leviers de fidélisation à actionner

  • Reconnaissance du travail accompli : valorisation des compétences, feedback positif régulier
  • Participation aux décisions : associer les infirmiers aux projets de l’établissement
  • Soutien managérial : écoute, disponibilité, résolution rapide des problèmes
  • Formation continue : plan de développement des compétences ambitieux
  • Qualité de vie au travail : attention portée à l’ergonomie, aux pauses, aux espaces de détente
  • Évolution professionnelle : possibilité d’accéder à des fonctions d’encadrement ou de référent

Les EHPAD qui négligent ces aspects risquent de voir les nouveaux diplômés partir rapidement vers d’autres structures, perpétuant ainsi le cercle vicieux de la pénurie.

Une dynamique à confirmer dans la durée

L’engouement actuel pour la formation infirmière doit être confirmé dans les années à venir. Plusieurs facteurs pourraient influencer cette tendance :

Facteurs favorables :
– Reconnaissance sociale accrue des métiers du soin suite à la crise sanitaire
– Perspectives d’emploi excellentes dans un secteur en tension
– Diversité des exercices possibles (hôpital, EHPAD, libéral, santé scolaire)
– Rémunérations en amélioration progressive

Facteurs de risque :
– Conditions de travail encore difficiles dans certains établissements
– Écart potentiel entre les attentes des étudiants et la réalité du terrain
– Concurrence d’autres filières de santé en développement
– Évolution démographique et vieillissement de la population étudiante

Les pouvoirs publics et les établissements employeurs ont une responsabilité partagée pour maintenir l’attractivité du métier et transformer cet afflux de candidats en professionnels épanouis et fidélisés.

Perspectives pour le secteur médico-social

À moyen terme, l’augmentation du vivier de professionnels infirmiers qualifiés devrait produire des effets bénéfiques sur l’ensemble du secteur sanitaire et social. Pour les EHPAD spécifiquement, plusieurs évolutions positives sont attendues :

D’ici 2028 :
– Réduction progressive des postes vacants
– Diminution de la dépendance à l’intérim
– Amélioration des ratios encadrant/résident
– Possibilité de développer des projets de soins ambitieux

À plus long terme :
– Stabilisation des équipes et amélioration de la continuité des soins
– Renforcement de l’expertise gériatrique
– Développement de nouvelles pratiques (éducation thérapeutique, coordination des parcours)
– Amélioration de l’attractivité globale du secteur

Cette dynamique positive ne dispense toutefois pas de maintenir une vigilance sur les conditions d’exercice. L’arrivée de nouveaux professionnels ne suffira pas si les établissements ne proposent pas un environnement de travail de qualité permettant de les retenir.

Une opportunité à saisir dès maintenant

L’engouement record pour la formation infirmière en 2025 constitue une opportunité historique pour les EHPAD de sortir durablement de la crise de recrutement qui les fragilise depuis plusieurs années. Mais cette opportunité ne se concrétisera que si les établissements se préparent dès maintenant à accueillir, intégrer et fidéliser ces futurs professionnels.

Les directeurs d’établissement et les équipes de direction ont trois ans devant eux pour construire une stratégie d’attractivité et de fidélisation solide. Ce temps doit être mis à profit pour améliorer les conditions de travail, développer les partenariats avec les instituts de formation, et bâtir une culture d’établissement valorisant le travail des soignants.

L’enjeu est de transformer cette embellie démographique en amélioration durable de la qualité de vie au travail des professionnels, et par ricochet, de la qualité de l’accompagnement des résidents. Car c’est bien là l’objectif final : disposer d’équipes stables, compétentes et épanouies, capables d’offrir aux personnes âgées l’accompagnement de qualité qu’elles méritent.

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