L’année 2023 a été marquée par des défis conséquents pour le secteur du grand âge, caractérisée par un contexte inflationniste et des pénuries de personnel. Ces difficultés, pesant sur les organisations et le quotidien des personnes âgées, amènent à s’interroger sur les perspectives de 2024. Serait-ce le tournant attendu?
D’abord, la baisse de l’inflation, tombant sous les 4 %, est une lueur d’espoir. Néanmoins, les répercussions de cette inflation demeurent, affectant les budgets des établissements. Ce contexte économique, bien qu’amélioré, continue de poser des défis.
L’automne 2023 en France a vu l’adoption de la PPL « bien vieillir » et du PLFSS 2024, ainsi que la présentation d’une feuille de route ministérielle. Ces avancées politiques, menées par la ministre des Solidarités et des Familles, Aurore Bergé, soulignent l’importance d’une approche transversale pour répondre aux enjeux du vieillissement. Plus notable encore, l’annonce par la Première Ministre Elisabeth Borne d’une loi de programmation sur le grand âge pour 2024 représente un changement majeur. Elle promet un débat et une planification des ressources étatiques en adéquation avec les besoins croissants, en anticipation de la vague démographique imminente.
Cependant, une inquiétude demeure : la défiance croissante envers les Ehpad, notamment les établissements commerciaux. La PPL « bien vieillir », avec son décret instaurant des indicateurs de qualité, semble en décalage avec la nécessité de promouvoir l’autonomie individuelle. Chez Colisée, par exemple, on privilégie une évaluation concrète de l’impact des actions menées, en se concentrant sur des critères tels que l’état nutritionnel, le nombre d’hospitalisations et de chutes, ainsi que la satisfaction des résidents et de leurs familles.
L’année 2024 s’annonce donc cruciale pour le secteur du grand âge. Entre les avancées politiques et les défis persistants, l’équilibre reste précaire. La loi de programmation attendue pourrait marquer un tournant significatif, à condition qu’elle prenne en compte la complexité et la diversité des besoins des personnes âgées, ainsi que les réalités des établissements qui les accueillent. L’orientation vers une politique d’évaluation plus pertinente et moins normative serait également un pas important vers le renforcement de la confiance et de l’attractivité du secteur. En somme, 2024 pourrait bien être l’année décisive pour le grand âge, un moment où les défis actuels cèdent la place à des solutions innovantes et durables.
Vers une Modernisation du Secteur du Grand Âge en 2024
Alors que le secteur du grand âge en France se prépare à affronter les défis de 2024, un aperçu de l’évolution récente du secteur et des initiatives à venir est essentiel. L’année 2023 a été marquée par des désillusions et de nouvelles promesses gouvernementales. La proposition de loi « bâtir la société du bien vieillir » a vu son examen interrompu et disparaître de l’agenda parlementaire, laissant place à une feuille de route gouvernementale dont les détails de mise en œuvre restent flous. Face à ces incertitudes, des mesures d’urgence telles que le fonds de 100 millions d’euros pour les Ehpad ont été annoncées, avec la promesse d’une loi de programmation sur le grand âge en 2024.
Parallèlement, une stratégie interministérielle consacrée au Bien Vieillir a été lancée, visant à repenser notre société pour mieux s’adapter aux personnes âgées. Cette stratégie inclut des améliorations dans l’accessibilité des petits établissements privés et des lieux publics, financées à hauteur de 300 millions d’euros. Elle prévoit également le renforcement du fonds d’appui aux territoires innovants seniors, en lien avec divers programmes et contrats pour soutenir l’adaptation des territoires au vieillissement de la population.
L’accessibilité et la mobilité des seniors sont des points centraux de cette stratégie. Elle envisage la délivrance automatique de la carte mobilité inclusion aux bénéficiaires de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), la mise en accessibilité des gares prioritaires d’ici 2027, et l’amélioration de l’accessibilité des transports publics. Un service public départemental de l’autonomie est prévu pour coordonner les différents acteurs et faciliter l’accès aux services et aux aides, tandis que l’accessibilité des sites internet sera renforcée, avec des sanctions en cas de non-respect.
En outre, des conseillers numériques sont déployés pour aider les seniors à s’approprier le numérique, une initiative cruciale dans une société de plus en plus digitalisée. La transition écologique et énergétique dans les établissements et services sociaux et médico-sociaux (ESMS) est également une priorité, avec un objectif de neutralité carbone d’ici 2030.
Enfin, l’innovation est au cœur de cette stratégie, avec des dispositifs médicaux numériques préventifs développés dans le cadre du Grand défi Autonomie. La France ambitionne également de devenir un leader dans la recherche sur les maladies neurodégénératives, notamment avec le projet Biocluster Brain and Mind. Des investissements sont également prévus dans la recherche sur le vieillissement et la prévention de la perte d’autonomie.
L’année 2024 se profile ainsi comme une année charnière, non seulement pour les ajustements législatifs et financiers, mais aussi pour des innovations et des initiatives stratégiques visant à remodeler le secteur du grand âge. Ces développements pourraient transformer significativement la manière dont la France prend en charge ses aînés, en plaçant l’innovation, l’accessibilité, et la transition écologique au cœur de son action.

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