La gériatrie française fait face à une problématique de taille : l’utilisation controversée de la contention. Cette pratique, qui entrave la liberté de mouvement des personnes âgées, soulève de nombreuses questions tant sur le plan éthique que pratique. L’étude récente de l’université Jean-Jaurès à Toulouse, publiée dans L’Encéphale, éclaire cette situation complexe.
La contention, bien que strictement réglementée en psychiatrie, est encore fréquemment employée en gériatrie, hors des recommandations officielles. Cette situation alarmante est soulignée par Jean-Pierre Jacus et ses collègues de l’université de Toulouse. Ils mettent en évidence le manque d’études françaises sur la fréquence, les conséquences, et la prévention de cette pratique.
Leur étude révèle que les raisons principales de la contention physique passive (CPP) sont les chutes ou leur risque, suivies de déambulations, d’agitation, et d’agressivité. La prévalence de la CPP varie significativement entre les milieux hospitaliers et les Ehpad, et est souvent source de culpabilité parmi les soignants. Les auteurs notent que les recommandations en vigueur depuis 2000 par l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé (Anaes) sont insuffisamment suivies.
L’étude met en lumière les conséquences néfastes de la CPP, telles que la désadaptation à la marche, la fonte musculaire, ou encore la perte osseuse. Ces effets sont exacerbés par la durée de la contention. De plus, les ridelles de lit, forme la plus courante de CPP, peuvent s’avérer dangereuses, augmentant le risque de chute et de piégeage.
Les chercheurs abordent également d’autres formes de contention comme l’architecturale, utilisée pour prévenir les sorties inopinées, et la chimique, utilisée face à des comportements perturbateurs. La contention architecturale est présente dans environ 90% des Ehpad et USLD, tandis que l’utilisation de psychotropes en gériatrie reste mal documentée.
Pour améliorer cette situation, l’étude propose plusieurs pistes. La première est la sensibilisation des médecins et soignants aux risques et alternatives de la CPP. Cela implique une formation sur les aspects éthiques, juridiques, et les conséquences de la CPP, ainsi que la promotion d’alternatives comme les protecteurs de hanche ou les alarmes de chute.
La deuxième préconisation concerne l’information complète des personnes âgées et de leurs familles. Certains Ehpad proposent des contrats de séjour qui excluent toute forme de contention, tout en informant les proches des risques associés. Cependant, cette pratique n’est pas uniformément adoptée, notamment dans les établissements publics.
Enfin, les auteurs soulignent la nécessité de revoir les recommandations existantes, qui, bien que nécessaires, peuvent parfois être trop contraignantes. Ils préconisent également de faciliter l’accès au recours juridique pour les personnes âgées en établissement, souvent exclues de cette possibilité.
Cette étude souligne l’urgence d’une réflexion approfondie sur la pratique de la contention en gériatrie, avec un besoin criant de révision des pratiques et des législations. La protection et le respect des personnes âgées en établissement doivent être au cœur de cette réforme.
La Gériatrie en France : Entre Réformes et Défis
La question de la contention en gériatrie en France reste un sujet de préoccupation, nécessitant un examen approfondi des pratiques actuelles et des solutions envisageables. Malgré les recommandations de l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé (Anaes), devenues directives de la Haute autorité de santé (HAS), la pratique de la contention physique des personnes âgées demeure un défi dans le paysage médical français.
Ces recommandations, établies pour la première fois en 2000, ont pour objectif d’évaluer le rapport bénéfice/risque de la contention physique chez les sujets âgés, de maîtriser les risques et de réduire la fréquence de son utilisation. Malgré cela, la réalité sur le terrain semble différer. Les établissements gériatriques sont encouragés à procéder à une évaluation rigoureuse de leurs pratiques de contention, en utilisant des critères explicites et la méthode de l’audit clinique. Cette approche vise à améliorer la sécurité de la pratique lorsqu’elle est jugée inévitable, plutôt qu’à encourager son usage.
L’analyse des pratiques actuelles révèle que la contention est souvent utilisée en réaction à des situations comme les chutes, les déambulations, l’agitation, ou l’agressivité. Cependant, les études indiquent que la contention physique passive (CPP) n’augmente pas nécessairement le risque de chute et pourrait même le diminuer. Malgré cela, la CPP est encore répandue, notamment en milieu hospitalier et en Ehpad, où sa prévalence varie significativement.
Cette pratique est non seulement source de culpabilité parmi les soignants, mais elle s’accompagne également de conséquences délétères pour les patients. Les risques associés à la CPP incluent la désadaptation à la marche, la fonte musculaire, la perte osseuse, et même des risques de chute et de piégeage liés à l’utilisation de ridelles de lit. Ces dangers soulignent l’importance d’une réflexion éthique et pratique sur l’emploi de la contention.
Pour améliorer cette situation, les experts suggèrent plusieurs pistes. Premièrement, la sensibilisation des médecins et soignants aux risques et aux alternatives de la CPP est primordiale. Cela inclut la formation sur les aspects éthiques, juridiques et les conséquences de la CPP, ainsi que la promotion d’alternatives comme les protecteurs de hanche ou les alarmes de chute. Deuxièmement, il est essentiel d’apporter une information complète aux personnes âgées et à leurs familles. Certains Ehpad proposent déjà des contrats de séjour exclusifs de toute forme de contention, tout en informant les proches des risques associés. Enfin, il est nécessaire de réviser les recommandations existantes pour qu’elles soient moins contraignantes et plus adaptées à la réalité des établissements gériatriques.
Face à ces enjeux, la France semble avoir pris du retard par rapport à d’autres pays dans la mise en œuvre de pratiques plus éthiques et sûres en matière de contention en gériatrie. Cette situation appelle à une réforme en profondeur des pratiques de soins et une prise de conscience collective des risques associés à la contention. La protection et le bien-être des personnes âgées en établissement doivent être prioritaires dans cette démarche de changement.

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