Les Missions officielles des médecins coordonateurs en EHPAD

Dans le paysage complexe des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), le médecin coordonnateur occupe une place centrale. Véritable chef d’orchestre de la prise en charge médicale et soignante, ce professionnel de santé assume des responsabilités multiples et essentielles au bon fonctionnement de la structure. Cet article se propose d’explorer en détail les missions…

Dans le paysage complexe des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), le médecin coordonnateur occupe une place centrale. Véritable chef d’orchestre de la prise en charge médicale et soignante, ce professionnel de santé assume des responsabilités multiples et essentielles au bon fonctionnement de la structure. Cet article se propose d’explorer en détail les missions et les enjeux liés à cette fonction cruciale, à l’heure où le vieillissement de la population pose des défis majeurs à notre système de santé.

Le pilier de la coordination des soins en EHPAD

Le médecin coordonnateur est avant tout le garant de la qualité et de la cohérence des soins prodigués aux résidents. Sa mission première consiste à élaborer, en collaboration étroite avec l’équipe soignante, le projet général de soins de l’établissement. Ce document stratégique, qui s’inscrit dans le projet d’établissement global, définit les orientations et les objectifs en matière de prise en charge médicale et paramédicale.

Pour mener à bien cette tâche, le médecin coordonnateur s’appuie sur son expertise gériatrique et sa connaissance approfondie des besoins spécifiques des personnes âgées dépendantes. Il veille à l’application des bonnes pratiques gériatriques au sein de l’EHPAD et formule des recommandations pour améliorer continuellement la qualité des soins.

La coordination des différents intervenants est un aspect crucial de sa fonction. Le médecin coordonnateur préside la commission de coordination gériatrique, qui réunit l’ensemble des professionnels de santé intervenant dans l’établissement, qu’ils soient salariés ou libéraux. Cette instance, qui se réunit au minimum deux fois par an, permet d’harmoniser les pratiques et d’assurer une prise en charge globale et cohérente des résidents.

En 2021, une étude de la DREES a révélé que 93% des EHPAD disposaient d’un médecin coordonnateur, soulignant l’importance croissante accordée à cette fonction. Toutefois, le temps de présence moyen restait limité à 0,43 équivalent temps plein pour 100 places, ce qui peut poser des défis en termes de disponibilité et de suivi.

Un rôle clé dans l’admission et l’évaluation des résidents

L’expertise du médecin coordonnateur est sollicitée dès le processus d’admission des nouveaux résidents. Il donne un avis éclairé sur la capacité de l’établissement à prendre en charge l’état de santé de la personne accueillie, garantissant ainsi une adéquation entre les besoins du résident et les ressources de l’EHPAD.

Une fois le résident admis, le médecin coordonnateur joue un rôle crucial dans l’évaluation de son état de santé et de dépendance. Il utilise des outils standardisés, tels que la grille AGGIR (Autonomie Gérontologie Groupes Iso-Ressources), pour évaluer le niveau de dépendance et les besoins en soins de chaque résident. Ces évaluations sont essentielles pour adapter la prise en charge et déterminer les moyens nécessaires en termes de personnel et d’équipement.

Selon les données de la CNSA, en 2020, le GMP (GIR Moyen Pondéré) moyen en EHPAD était de 726, témoignant d’un niveau de dépendance élevé des résidents. Le médecin coordonnateur joue un rôle crucial dans le suivi de ces indicateurs et dans l’adaptation continue des soins aux besoins évolutifs des personnes âgées.

Le gardien de la sécurité sanitaire et de la qualité des prescriptions

La vigilance du médecin coordonnateur s’étend également à la sécurité sanitaire au sein de l’établissement. Il est chargé d’identifier les risques potentiels pour la santé publique et de mettre en œuvre les mesures nécessaires à leur prévention et leur gestion. Cette responsabilité prend tout son sens dans le contexte de crises sanitaires, comme l’a démontré la pandémie de COVID-19.

En matière de prescriptions médicales, le médecin coordonnateur joue un rôle de conseil et de régulation. Il veille à l’adaptation des prescriptions aux spécificités gériatriques, en collaboration avec les médecins traitants et les pharmaciens. Dans ce cadre, il élabore une liste préférentielle de médicaments, visant à optimiser les traitements et à limiter les risques liés à la polymédication.

Une étude de l’ANSM publiée en 2022 a montré que les résidents d’EHPAD consommaient en moyenne 7,3 médicaments par jour. Le travail du médecin coordonnateur est donc crucial pour prévenir les interactions médicamenteuses et les effets indésirables potentiels.

Un acteur clé de la formation et de l’amélioration continue

Le médecin coordonnateur assume également un rôle important dans la formation continue des équipes soignantes. Il contribue à l’élaboration et à la mise en œuvre d’une politique de formation adaptée aux besoins spécifiques de l’EHPAD. Son expertise est précieuse pour identifier les domaines nécessitant un renforcement des compétences et pour diffuser les bonnes pratiques gériatriques au sein de l’établissement.

Chaque année, le médecin coordonnateur rédige un rapport d’activité médicale, document essentiel pour évaluer la qualité de la prise en charge et identifier les axes d’amélioration. Ce rapport, signé conjointement avec le directeur de l’établissement, permet de suivre l’évolution de l’état de santé et de dépendance des résidents, ainsi que les modalités de prise en charge des soins.

Selon une enquête de la FHF menée en 2021, 78% des EHPAD déclaraient avoir mis en place des actions d’amélioration de la qualité des soins sur la base des recommandations du médecin coordonnateur, soulignant l’impact concret de cette fonction sur les pratiques de l’établissement.