La dénutrition touche 15 à 38% des résidents d’EHPAD

La dénutrition est un problème de santé fréquent mais souvent sous-estimé chez les personnes âgées. Elle touche 15 à 38% des résidents en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Ses conséquences peuvent être graves : aggravation de la dépendance, risque accru de chutes et d’infections, augmentation de la mortalité. Un dépistage et une prise…

La dénutrition est un problème de santé fréquent mais souvent sous-estimé chez les personnes âgées. Elle touche 15 à 38% des résidents en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Ses conséquences peuvent être graves : aggravation de la dépendance, risque accru de chutes et d’infections, augmentation de la mortalité. Un dépistage et une prise en charge précoces sont essentiels pour prévenir ces complications.

Une vigilance accrue face aux situations à risque

De nombreux facteurs peuvent favoriser la dénutrition chez les seniors. Les pathologies chroniques comme les cancers, l’insuffisance cardiaque ou respiratoire sont des situations à risque. L’isolement social, le veuvage ou l’entrée en institution peuvent également impacter l’appétit et l’alimentation. Les troubles bucco-dentaires, la dépression ou les démences sont d’autres causes fréquentes.

Certains médicaments ou régimes restrictifs au long cours peuvent aussi jouer un rôle. La polymédication, très courante chez les personnes âgées, est un facteur de risque important à surveiller. Toute affection aiguë ou décompensation d’une maladie chronique doit également alerter.

Face à ces situations, une vigilance accrue s’impose. Les soignants doivent être attentifs aux signes d’alerte comme la perte d’appétit ou de poids, même minime. Un suivi régulier de l’état nutritionnel est indispensable.

Des critères diagnostiques précis pour une détection précoce

Le diagnostic de dénutrition repose sur des critères cliniques et biologiques bien définis. Une perte de poids de 5% en 1 mois ou 10% en 6 mois est un signe majeur. L’indice de masse corporelle (IMC) est également un indicateur clé : un IMC inférieur à 21 signe une dénutrition.

D’autres paramètres complètent l’évaluation. L’albuminémie, marqueur de dénutrition chronique, doit être inférieure à 35 g/L. Le Mini Nutritional Assessment (MNA) est un outil de dépistage validé : un score global inférieur à 17 indique un risque de dénutrition.

La dénutrition est qualifiée de sévère en cas de perte de poids plus importante (10% en 1 mois ou 15% en 6 mois), d’IMC inférieur à 18 ou d’albuminémie sous 30 g/L. Ces seuils permettent de grader la sévérité et d’adapter la prise en charge.

Un dépistage systématique dès l’admission en EHPAD

La détection précoce de la dénutrition passe par un dépistage systématique. Dès l’admission d’un nouveau résident, un bilan nutritionnel complet doit être réalisé. Il comprend la pesée, le calcul de l’IMC et la réalisation du MNA simplifié.

L’historique du poids et des habitudes alimentaires est également recueilli. Les besoins d’aide au repas et la texture adaptée sont évalués par l’équipe soignante. Un examen bucco-dentaire complète ce bilan initial.

Par la suite, un suivi mensuel du poids est recommandé pour tous les résidents. En cas de dénutrition avérée, la surveillance devient hebdomadaire. Ces mesures régulières permettent de repérer rapidement toute perte de poids significative.

Une prise en charge nutritionnelle personnalisée

Face à un diagnostic de dénutrition, une prise en charge adaptée doit être mise en place rapidement. L’objectif est d’atteindre des apports de 30 à 40 kcal/kg/jour et 1,2 à 1,5 g de protéines/kg/jour. La stratégie nutritionnelle est personnalisée selon la sévérité de la dénutrition.

En cas de dénutrition modérée, on privilégie d’abord l’enrichissement de l’alimentation. Cela consiste à augmenter la densité énergétique et protéique des repas sans en augmenter le volume. L’ajout de poudre de lait, fromage râpé ou œufs permet d’enrichir facilement les plats.

Si l’enrichissement est insuffisant, des compléments nutritionnels oraux (CNO) sont prescrits. Ces produits hyperénergétiques et hyperprotidiques existent sous différentes formes : boissons lactées, crèmes, jus de fruits. Ils sont proposés en collation, jamais en remplacement d’un repas.

Pour les dénutritions sévères, les CNO sont instaurés d’emblée en complément de l’enrichissement. Un suivi rapproché des apports et du poids permet d’ajuster la prise en charge. En cas d’échec, le recours à la nutrition entérale peut être envisagé.

Une approche pluridisciplinaire indispensable

La prise en charge de la dénutrition implique l’ensemble de l’équipe soignante. Le médecin coordonnateur supervise le dépistage et prescrit le traitement nutritionnel. Les infirmières organisent le suivi du poids et la distribution des CNO.

Les aides-soignantes jouent un rôle clé dans la surveillance des repas. Elles remplissent une fiche de suivi des ingestas pour quantifier les prises alimentaires. Leur vigilance permet de repérer précocement toute baisse d’appétit.

L’intervention d’une diététicienne est précieuse pour personnaliser les menus et les enrichissements. En cas de dénutrition persistante, le recours à une unité spécialisée en nutrition gériatrique peut s’avérer nécessaire.

Cette approche pluridisciplinaire est essentielle pour une prise en charge globale et efficace de la dénutrition. Elle permet d’agir sur tous les facteurs impliqués et d’adapter la stratégie à chaque résident.

Résumé des enjeux de la dénutrition chez les personnes âgées

La dénutrition représente un défi majeur pour la santé des personnes âgées, en particulier dans les établissements de soins. Ce tableau récapitulatif présente les éléments clés concernant la prévalence, les conséquences, les facteurs de risque, les critères diagnostiques, ainsi que les stratégies de dépistage et de prise en charge de cette condition. Une approche pluridisciplinaire est essentielle pour garantir une intervention efficace et personnalisée, adaptée aux besoins spécifiques de chaque résident âgé.

AspectDétails clés
Prévalence15-38% des résidents en EHPAD
Conséquences– Aggravation de la dépendance<br>- Risque accru de chutes<br>- Infections<br>- Mortalité
Situations à risque– Pathologies chroniques<br>- Isolement social, dépression<br>- Troubles bucco-dentaires<br>- Polymédication
Critères diagnostiques– Perte de poids : ≥5% en 1 mois ou ≥10% en 6 mois<br>- IMC < 21<br>- Albuminémie < 35 g/L<br>- MNA : score global < 17
Dépistage– Bilan nutritionnel à l’admission<br>- Suivi mensuel du poids (hebdomadaire si dénutrition)
Prise en charge nutritionnelle– Objectifs : 30-40 kcal/kg/jour, 1,2-1,5 g protéines/kg/jour<br>- Enrichissement des repas<br>- Compléments nutritionnels oraux (CNO) si nécessaire
Approche pluridisciplinaireImplication des médecins, infirmières, aides-soignantes et diététiciennes