Le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2025 vient d’être dévoilé. Pour les établissements médico-sociaux, et particulièrement les EHPAD, cette nouvelle mouture prévoit des évolutions budgétaires significatives. Une hausse globale de 4,7% est annoncée pour l’Objectif Global de Dépenses (OGD). Cette augmentation traduira-t-elle réellement une amélioration des conditions d’accueil et de travail dans vos structures ? Décryptage des impacts concrets pour les EHPAD en 2025.
Sommaire
- Une hausse significative dans l’enveloppe médico-sociale
- Les effets de la réforme de la CNRACL pris en compte
- Fusion des sections budgétaires : un changement majeur
- Des mesures salariales pour l’attractivité des métiers
- Le virage domiciliaire se confirme
- La santé mentale déclarée grande cause nationale 2025
- Les soins palliatifs : une stratégie décennale qui démarre
- L’investissement dans le médico-social : un point de vigilance
- Impact global sur l’ONDAM
- Perspectives pour les directeurs d’EHPAD
- En bref
Les dépenses des sous-objectifs médico-sociaux évolueront de manière plus dynamique que les soins de ville en 2025. L’Objectif Global de Dépenses (OGD) qui regroupe les sous-objectifs personnes âgées et personnes handicapées est fixé à 33,4 milliards d’euros, en augmentation de 4,7% .
Cette progression témoigne de l’engagement gouvernemental en faveur de la prise en charge des personnes âgées. Dans un contexte budgétaire contraint, le secteur médico-social bénéficie donc d’une attention particulière.
Sur cette enveloppe totale, le secteur personnes âgées se voit attribuer une part importante. Le PLFSS confirme que 600 millions d’euros seront consacrés au renforcement du taux d’encadrement et à l’actualisation des coupes PATHOS dans le secteur personnes âgées .
Cette actualisation des coupes PATHOS est attendue depuis longtemps. Elle permettra de mieux refléter la réalité des besoins en soins des résidents.
Les effets de la réforme de la CNRACL pris en compte
La construction budgétaire intègre la hausse du taux de cotisation vieillesse de la CNRACL. Au total, 5 points de hausse du taux de cotisation sont prévus, comprenant 1 point de 2024 et 4 points supplémentaires en 2025 .
Pour les EHPAD, cette hausse sera compensée. Une enveloppe de 1,3 milliard d’euros est prévue pour compenser cette augmentation . Pour le secteur médico-social, cette compensation représente 150 millions d’euros .
Cette mesure était cruciale. Sans cette compensation, les EHPAD auraient dû absorber une charge supplémentaire conséquente sur leurs budgets déjà tendus.
Fusion des sections budgétaires : un changement majeur
Le PLFSS 2025 confirme la mise en œuvre de la fusion des sections dans les EHPAD. Cette réforme représente un surcoût estimé à 150 millions d’euros .
La fusion des sections va simplifier la gestion budgétaire des établissements. Elle permettra aussi plus de souplesse dans l’allocation des ressources.
Cette évolution structurelle répond à une demande ancienne du secteur. Les directeurs pourront ainsi optimiser leurs ressources selon les besoins réels de leurs établissements.
Des mesures salariales pour l’attractivité des métiers
Le manque d’attractivité reste un défi majeur pour les EHPAD. Pour y répondre, le PLFSS prévoit 50 millions d’euros de mesures salariales. Ces crédits financeront notamment la revalorisation des nuits, jours fériés et dimanches .
Cette mesure vise à rendre plus attractifs les horaires décalés. Elle pourrait atténuer les difficultés de recrutement sur ces créneaux particulièrement tendus.
Parallèlement, un engagement financier supplémentaire de 450 millions d’euros est prévu spécifiquement pour le secteur des personnes âgées . Cette somme contribuera à l’amélioration des conditions de travail et d’accueil.
Le virage domiciliaire se confirme
La politique de maintien à domicile reste une priorité. 100 millions d’euros de dépenses supplémentaires sont alloués pour poursuivre le virage domiciliaire .
Ce montant financera notamment la création de nouvelles places de SSIAD (Services de Soins Infirmiers À Domicile). Cette évolution impactera directement les EHPAD qui développent des services externes.
Pour les établissements, cette orientation confirme la nécessité d’évoluer vers un modèle « plateforme de services ». Le développement de prestations hors les murs devient incontournable.
La santé mentale déclarée grande cause nationale 2025
La santé mentale est déclarée grande cause nationale pour 2025. Des moyens nouveaux sont débloqués pour soutenir les actions en faveur de la psychiatrie.
Plus de 300 millions d’euros de moyens nouveaux sont réservés aux actions prioritaires en santé publique au sein de l’ONDAM hospitalier . Une partie bénéficiera à la santé mentale.
Cette orientation pourrait permettre de développer des partenariats entre EHPAD et services psychiatriques. L’accompagnement des résidents présentant des troubles psychiatriques pourrait s’améliorer.
Les soins palliatifs : une stratégie décennale qui démarre
Le PLFSS 2025 marque la première étape de mise en œuvre de la stratégie décennale en faveur des soins palliatifs . Cette politique aura des répercussions sur la prise en charge des résidents en fin de vie.
Le texte prévoit la création d’une unité de soins palliatifs pédiatriques par région. Il vise aussi l’accès à une unité de soins palliatifs sur tout le territoire d’ici la fin 2025.
La mise en place d’équipes rapides d’intervention en hospitalisation à domicile est également prévue. Ces équipes pourront intervenir dans les EHPAD pour éviter des hospitalisations inutiles en fin de vie.
Malgré ces annonces positives, le PLFSS 2025 prévoit un contrecoup des dépenses d’investissement de -0,3 milliard d’euros. Cette diminution s’explique par « le début de l’arrivée à échéance de certains crédits d’investissement immobiliers des établissements médico-sociaux » .
Cette baisse pourrait compliquer le financement des projets immobiliers dans un parc vieillissant. Les directeurs devront anticiper cette contrainte dans leurs projets de rénovation ou d’extension.
Impact global sur l’ONDAM
Dans le cadre global, l’ONDAM 2025 s’établira à 263,9 milliards d’euros, en hausse de 2,8% . Cette évolution reste mesurée par rapport aux années précédentes.
La part de l’ONDAM dans le PIB s’est stabilisée autour de 8,8% depuis 2023 . Cette stabilisation marque la fin d’une période d’augmentation structurelle importante qui avait débuté avec la crise sanitaire.
Depuis 2019, l’ONDAM a connu une hausse significative. Cette augmentation s’explique notamment par la volonté d’investir dans le système de santé avec l’application des accords du Ségur.
Perspectives pour les directeurs d’EHPAD
Pour les directeurs, ce PLFSS offre des opportunités mais impose aussi des choix stratégiques. La fusion des sections budgétaires nécessitera une réorganisation administrative. Elle permettra toutefois une gestion plus souple des ressources.
L’accent mis sur le virage domiciliaire confirme la nécessité d’adapter les modèles économiques. Les établissements devront développer leurs services extérieurs pour répondre aux attentes des autorités de tarification.
Les revalorisations salariales annoncées ne résoudront pas totalement la crise d’attractivité. Des stratégies complémentaires de fidélisation du personnel resteront nécessaires.
L’actualisation des coupes PATHOS représente une opportunité. Elle devrait permettre une meilleure reconnaissance de la charge en soins réelle dans les établissements.
En bref
Le PLFSS 2025 traduit une volonté de soutenir le secteur médico-social malgré un contexte budgétaire contraint. La hausse de 4,7% de l’OGD apporte des moyens supplémentaires significatifs. Les défis structurels du secteur nécessiteront cependant des transformations profondes que ces financements ne pourront résoudre à eux seuls.
Pour les directeurs d’EHPAD, l’année 2025 sera celle des adaptations stratégiques. Evolution vers un modèle plateforme, optimisation de la nouvelle structure budgétaire, et renforcement de l’attractivité resteront les priorités opérationnelles quotidiennes.

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