EHPAD : Soutenir les salariƩes victimes de violences conjugales

Chaque annĆ©e, le 25 novembre, la JournĆ©e internationale de lutte contre les violences faites aux femmes met en lumiĆØre un flĆ©au mondial. Selon l’ONU, prĆØs de 70 % des femmes subissent des violences au cours de leur vie. Les EHPAD, en tant qu’employeurs, ont un rĆ“le essentiel Ć  jouer pour dĆ©tecter, prĆ©venir et accompagner leurs…

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Chaque annĆ©e, le 25 novembre, la JournĆ©e internationale de lutte contre les violences faites aux femmes met en lumiĆØre un flĆ©au mondial. Selon l’ONU, prĆØs de 70 % des femmes subissent des violences au cours de leur vie. Les EHPAD, en tant qu’employeurs, ont un rĆ“le essentiel Ć  jouer pour dĆ©tecter, prĆ©venir et accompagner leurs salariĆ©es victimes de violences conjugales. Mais quelles actions concrĆØtes peuvent-ils mettre en place ?

Former et sensibiliser : un levier essentiel

La premiĆØre Ć©tape pour agir est de former et sensibiliser le personnel sur les violences conjugales. Ces violences, souvent invisibles, peuvent avoir des consĆ©quences graves sur la santĆ© mentale et physique des victimes, mais aussi sur leur travail. En organisant des sessions de formation, les EHPAD permettent Ć  leurs Ć©quipes d’apprendre Ć  identifier les signes, comme un changement de comportement ou une baisse de performance. Ces formations doivent inclure des outils concrets pour rĆ©agir face Ć  ces situations.

Un autre volet de la sensibilisation passe par la diffusion de campagnes d’information internes. Affiches, brochures, ou encore newsletters doivent rappeler les dispositifs d’aide existants et briser le tabou autour de ces violences. Certaines structures mettent Ć©galement en place des ateliers participatifs pour renforcer la cohĆ©sion d’équipe et encourager la bienveillance entre collĆØgues. CrĆ©er un environnement de confiance est primordial pour inciter les victimes Ć  se confier.

Mettre en place des rƩfƩrents dƩdiƩs

Les EHPAD peuvent dĆ©signer un ou plusieurs rĆ©fĆ©rents dĆ©diĆ©s au sein de leurs Ć©quipes. Ces rĆ©fĆ©rents, formĆ©s spĆ©cifiquement Ć  la problĆ©matique des violences conjugales, deviennent des interlocuteurs de confiance pour les salariĆ©es victimes. Leur rĆ“le est d’écouter, conseiller et orienter vers des structures spĆ©cialisĆ©es telles que le 3919 (numĆ©ro national pour les femmes victimes de violences).

En parallĆØle, il est utile de nouer des partenariats avec des associations locales spĆ©cialisĆ©es. Ces collaborations permettent aux rĆ©fĆ©rents de disposer de ressources externes pour accompagner au mieux les victimes. Certains Ć©tablissements choisissent d’aller plus loin en intĆ©grant des psychologues ou travailleurs sociaux dans leurs Ć©quipes pour un suivi adaptĆ©.

AmƩnagements et flexibilitƩ du temps de travail

La violence conjugale peut impacter fortement la vie professionnelle. Fatigue, stress, dƩmarches administratives ou juridiques compliquent souvent la gestion du quotidien. Pour rƩpondre Ơ ces dƩfis, les EHPAD peuvent proposer des amƩnagements du temps de travail.

Horaires flexibles, jours de congĆ© exceptionnels ou adaptation temporaire des tĆ¢ches permettent aux salariĆ©es victimes de mieux concilier leurs obligations personnelles et professionnelles. En France, la loi autorise d’ailleurs des absences rĆ©munĆ©rĆ©es pour les victimes de violences conjugales dans certaines conditions. Garantir un cadre flexible est une mesure simple mais dĆ©cisive pour protĆ©ger les victimes.

Renforcer la protection des victimes sur le lieu de travail

Au-delĆ  des amĆ©nagements, il est essentiel d’assurer la sĆ©curitĆ© des victimes sur leur lieu de travail. Les EHPAD doivent anticiper les risques en cas de violences rĆ©pĆ©tĆ©es, comme des tentatives d’intrusion ou de harcĆØlement. L’anonymisation des coordonnĆ©es personnelles, la modification des horaires ou la mise en place de consignes strictes de sĆ©curitĆ© peuvent ĆŖtre envisagĆ©es.

Enfin, les employeurs doivent rappeler que tout licenciement en raison des consĆ©quences des violences conjugales est strictement interdit. Garantir la stabilitĆ© de l’emploi est une dĆ©marche qui rassure les victimes et leur permet de se reconstruire.

Violences conjugales : les indices invisibles sur le lieu de travail

ReconnaĆ®tre les signes des violences conjugales sur le lieu de travail est crucial pour protĆ©ger les victimes. Chaque annĆ©e, en France, 230 000 femmes subissent des violences physiques ou sexuelles de la part de leur conjoint, d’aprĆØs les donnĆ©es rapportĆ©es par le ministĆØre de l’IntĆ©rieur en 2023. Pourtant, ces souffrances s’invitent souvent dans l’univers professionnel sous des formes subtiles. Les absences rĆ©pĆ©tĆ©es ou des retards inexpliquĆ©s figurent parmi les premiers signes. En parallĆØle, une baisse soudaine de productivitĆ© ou des erreurs inhabituelles peuvent rĆ©vĆ©ler un Ć©tat de stress chronique.

Des comportements sociaux modifiĆ©s, comme un repli sur soi ou le refus de participer aux pauses collectives, doivent alerter. Selon une enquĆŖte de la Fondation des Femmes, 41 % des victimes disent ressentir la peur en permanence, une Ć©motion souvent dissimulĆ©e mais perceptible dans leurs interactions professionnelles. Des marques physiques non expliquĆ©es – bleus, griffures – associĆ©es Ć  des excuses hĆ©sitantes, renforcent les soupƧons.

Les managers et collĆØgues jouent un rĆ“le clĆ© dans la dĆ©tection. Participer Ć  des formations pour mieux comprendre ces dynamiques est essentiel. Par exemple, un programme mis en place par le CIDFF (Centre d’information sur les droits des femmes et des familles) a formĆ©, en 2023, plus de 3 000 employĆ©s. Une vigilance active peut sauver des vies, car 22 % des fĆ©minicides recensĆ©s en 2022 Ć©taient prĆ©cĆ©dĆ©s d’alertes non dĆ©tectĆ©es. Ensemble, les lieux de travail peuvent devenir des refuges de vigilance et d’action.

Le groupe Clariane, incluant Korian, a intégré la démarche dès 2021

Chaque annĆ©e, 137 femmes sont tuĆ©es quotidiennement par un membre de leur famille, selon les donnĆ©es de l’ONU. Face Ć  cette urgence, la campagne Orange the World, portĆ©e par ONU Femmes depuis 2008, mobilise le monde entier durant 16 jours, Ć  partir du 25 novembre. Son objectif principal est d’Ć©radiquer les violences faites aux femmes et aux filles via des actions concrĆØtes : sensibilisation, Ć©ducation et partenariats ciblĆ©s. Depuis sa crĆ©ation, cette initiative a permis de placer la problĆ©matique des violences au centre des prioritĆ©s mondiales, avec plus de 180 pays participants en 2023 et des milliers d’organisations impliquĆ©es.

En France, le groupe Clariane, incluant Korian, a intĆ©grĆ© la dĆ©marche dĆØs 2021. 17 % des salariĆ©s accompagnĆ©s par leur service social sont victimes de violences conjugales. Parmi leurs initiatives marquantes : la mise en œuvre du violentomĆØtre, un outil permettant de dĆ©celer comportements abusifs, et un fonds de solidaritĆ© financĆ© par l’entreprise pour sĆ©curiser des solutions d’urgence comme l’hĆ©bergement temporaire. En 2023, un webinaire avec tĆ©moignages de gendarmes et formations juridiques a visĆ© Ć  renforcer l’information accessible aux collaborateurs.

Ces exemples illustrent que si la route reste longue, des efforts tangibles se dĆ©ploient. Le chiffre alarmant de 81 000 femmes Ć¢gĆ©es de 18 Ć  75 ans victimes de violences en France chaque annĆ©e rappelle l’importance de campagnes comme Orange the World pour bĆ¢tir un futur plus sĆ»r.