Les résidents porteurs de stimulateurs cardiaques représentent une part croissante de la population accueillie en EHPAD. En 2025, environ 12 à 15 % des personnes âgées institutionnalisées sont équipées d’un pacemaker. Ces dispositifs implantables nécessitent une surveillance cardiologique spécifique et des précautions techniques que les équipes soignantes doivent maîtriser pour garantir sécurité et qualité de vie. Entre contrôles réguliers, reconnaissance des signes d’alerte et coordination avec les cardiologues, l’accompagnement de ces résidents impose une formation ciblée et des protocoles adaptés.
Sommaire
- Comprendre le fonctionnement et les indications du stimulateur cardiaque en EHPAD
- Mettre en place une surveillance cardiologique adaptée et structurée
- Reconnaître et réagir face aux dysfonctionnements et complications
- Former les équipes et développer les partenariats cardiologiques
- Précautions techniques et gestion du quotidien en toute sécurité
- Sécuriser l’accompagnement grâce à une organisation rigoureuse
- FAQ : Questions pratiques sur les pacemakers en EHPAD
Comprendre le fonctionnement et les indications du stimulateur cardiaque en EHPAD
Le stimulateur cardiaque est un dispositif médical implantable destiné à corriger les troubles du rythme cardiaque, principalement les bradycardies (ralentissement du cœur). Il délivre des impulsions électriques pour maintenir une fréquence cardiaque adaptée aux besoins du patient.
Les principales indications
Les résidents porteurs de pacemaker ont généralement des antécédents de :
- Bloc auriculo-ventriculaire complet ou de haut degré
- Maladie du sinus (syndrome bradycardie-tachycardie)
- Fibrillation auriculaire avec pauses prolongées
- Syncopes inexpliquées d’origine rythmique
En EHPAD, il est fréquent que le dispositif ait été implanté plusieurs années auparavant. La durée de vie moyenne d’un pacemaker varie entre 7 et 12 ans selon le modèle et le degré de stimulation requis. Les équipes doivent donc être attentives aux échéances de remplacement et aux contrôles programmés.
Connaître les composants essentiels
Un pacemaker comprend deux éléments principaux :
- Le boîtier contenant la pile et les circuits électroniques, implanté sous la peau (généralement sous la clavicule)
- Les sondes (une à trois selon le type) reliées au cœur par voie veineuse
Les types les plus courants en EHPAD sont les pacemakers double chambre (stimulation auriculaire et ventriculaire) et simple chambre (ventriculaire uniquement). Une connaissance de base de ces dispositifs permet aux professionnels de mieux dialoguer avec les cardiologues et de comprendre les recommandations spécifiques à chaque résident.
Point clé : Demandez systématiquement au moment de l’admission une copie du compte-rendu d’implantation et de la dernière consultation cardiologique pour intégrer ces informations au dossier médical.
Conseil pratique : Créez une fiche d’identité « pacemaker » pour chaque résident concerné, mentionnant le type de dispositif, la date d’implantation, le cardiologue référent et la date du prochain contrôle.
Mettre en place une surveillance cardiologique adaptée et structurée
La surveillance régulière des résidents porteurs de pacemaker repose sur une combinaison d’observations cliniques quotidiennes et de contrôles techniques programmés. Cette double approche permet de détecter précocement les dysfonctionnements ou complications.
Les contrôles techniques obligatoires
Les recommandations de la Société Française de Cardiologie imposent un rythme de contrôle précis :
| Période post-implantation | Fréquence des contrôles |
|---|---|
| Premier mois | À 1 mois |
| Année 1 à 5 | Tous les 6 à 12 mois |
| Après 5 ans ou signe d’épuisement | Tous les 3 à 6 mois |
| En télésurveillance | Suivi à distance + contrôle annuel |
Ces contrôles sont réalisés soit en consultation cardiologique, soit via un système de télésurveillance de plus en plus utilisé. En 2025, environ 40 % des pacemakers implantés disposent d’une fonction de télémédecine permettant une transmission automatique des données au centre de cardiologie.
Le rôle quotidien de l’infirmier et de l’IDEC
L’équipe infirmière assure une surveillance clinique quotidienne comprenant :
- Prise régulière du pouls (fréquence et régularité)
- Surveillance de la tension artérielle
- Évaluation des signes fonctionnels : fatigue inhabituelle, vertiges, dyspnée
- Inspection du site d’implantation (rougeur, gonflement, douleur)
- Observation de signes évocateurs de dysfonctionnement
L’IDEC coordonne cette surveillance en veillant à :
- La traçabilité des observations dans le dossier de soins
- La planification des rendez-vous cardiologiques
- La transmission efficace des informations au médecin coordonnateur
- La mise à jour du protocole de surveillance
Question fréquente : À quelle fréquence prendre le pouls d’un résident porteur de pacemaker ?
Une prise quotidienne suffit si le résident est stable. En cas de plainte (fatigue, malaise) ou de modification de l’état général, augmentez la fréquence à deux ou trois fois par jour et informez immédiatement le médecin coordonnateur.
Utiliser des outils de traçabilité
La création d’une fiche de surveillance spécialisée facilite le suivi. Elle doit inclure :
- Date et heure de la mesure
- Fréquence cardiaque et régularité du pouls
- Tension artérielle
- Symptômes rapportés ou observés
- Actions entreprises
Cette fiche complète le dossier informatisé et permet une vision globale lors des transmissions ou consultations cardiologiques.
Action immédiate : Organisez une réunion pluridisciplinaire trimestrielle dédiée aux résidents porteurs de dispositifs cardiaques implantables pour faire le point sur les contrôles à venir et les observations particulières.
Reconnaître et réagir face aux dysfonctionnements et complications
Malgré leur fiabilité, les pacemakers peuvent présenter des dysfonctionnements ou être à l’origine de complications. La réactivité des équipes soignantes est cruciale pour limiter les risques.
Les signes d’alerte d’un dysfonctionnement
Un dysfonctionnement peut se manifester par :
- Réapparition de symptômes présents avant l’implantation : malaises, vertiges, syncopes
- Fatigue intense et inhabituelle
- Essoufflement à l’effort ou au repos
- Palpitations ou sensation de rythme cardiaque irrégulier
- Fréquence cardiaque anormalement basse (< 50 bpm) ou haute
Ces signes doivent déclencher une évaluation médicale rapide. En parallèle, l’équipe infirmière vérifie le pouls manuellement et effectue un électrocardiogramme si l’établissement en dispose.
Les complications locales et générales
Les complications peuvent être :
Locales (au niveau du boîtier) :
- Infection du site d’implantation
- Hématome ou déplacement du boîtier
- Érosion cutanée avec exposition du matériel
- Douleur persistante au niveau de la loge
Générales (liées aux sondes ou au système) :
- Déplacement ou fracture de sonde
- Infection systémique ou endocardite
- Stimulation inappropriée (hoquet, contractions musculaires)
- Épuisement prématuré de la pile
Donnée clé : Le taux d’infection des dispositifs implantables cardiaques reste autour de 1 à 2 %, mais cette complication impose souvent une explantation complète du système, d’où l’importance d’une surveillance rigoureuse.
Conduite à tenir en urgence
Face à un dysfonctionnement suspecté :
- Alerter immédiatement le médecin coordonnateur ou d’astreinte
- Installer le résident en position de confort (semi-assis si dyspnée)
- Prendre les constantes vitales complètes
- Ne jamais mobiliser ou manipuler le boîtier
- Contacter le centre de cardiologie référent
- Préparer une éventuelle hospitalisation si dégradation
Question fréquente : Que faire si le résident présente un hoquet persistant ?
Le hoquet peut signaler une stimulation diaphragmatique par la sonde ventriculaire. Contactez rapidement le cardiologue pour un contrôle et une reprogrammation éventuelle. En attendant, rassurez le résident et surveillez l’apparition d’autres symptômes.
Conseil terrain : Constituez une trousse d’urgence « pacemaker » contenant les coordonnées du cardiologue référent, une copie de la carte de porteur, le dernier compte-rendu de contrôle et la fiche de surveillance du résident.
Former les équipes et développer les partenariats cardiologiques
L’accompagnement optimal des résidents porteurs de pacemaker repose sur des compétences techniques spécifiques et une collaboration étroite avec les professionnels cardiologues. Cette double approche sécurise les pratiques et améliore la qualité de prise en charge.
Organiser une formation technique interne
Les équipes soignantes doivent bénéficier d’une formation initiale et continue sur les dispositifs cardiaques implantables. Cette formation doit couvrir :
- Les bases de fonctionnement des pacemakers
- Les signes cliniques de dysfonctionnement
- Les précautions techniques et environnementales
- La conduite à tenir en urgence
- L’utilisation des outils de surveillance
En 2025, plusieurs organismes proposent des formations spécialisées adaptées aux EHPAD, en présentiel ou e-learning. L’IDEC peut coordonner ces sessions en collaboration avec le médecin coordonnateur et, idéalement, un cardiologue intervenant.
Format recommandé :
- Formation théorique : 3 heures minimum
- Ateliers pratiques : prise de pouls, lecture de tracés simples
- Cas cliniques et mises en situation
- Supports écrits réutilisables (fiches réflexes, protocoles)
Établir un partenariat cardiologique structuré
La création d’un partenariat formalisé avec un service de cardiologie ou un cabinet libéral apporte de nombreux avantages :
- Facilitation des prises de rendez-vous
- Accès privilégié en cas d’urgence
- Possibilité de consultations avancées en EHPAD
- Formation des équipes par les professionnels référents
- Téléconsultation ou télésurveillance partagée
Ce partenariat peut prendre la forme d’une convention de collaboration précisant les modalités d’intervention, les circuits d’information et les procédures d’urgence.
Développer la télésurveillance en EHPAD
La télésurveillance des dispositifs cardiaques implantables est désormais inscrite au parcours de soins et prise en charge par l’Assurance Maladie. Elle présente plusieurs avantages pour les EHPAD :
| Avantages | Bénéfices concrets |
|---|---|
| Réduction des déplacements | Moins de fatigue et stress pour le résident |
| Détection précoce | Alertes automatiques en cas d’anomalie |
| Suivi régulier | Transmission quotidienne ou hebdomadaire des données |
| Coordination facilitée | Partage d’informations entre EHPAD et cardiologue |
Pour bénéficier de ce dispositif, l’EHPAD doit disposer d’une connexion internet stable et d’un référent formé à l’utilisation du système. Le résident (ou sa famille) doit consentir à ce mode de surveillance.
Question fréquente : Tous les résidents peuvent-ils bénéficier de la télésurveillance ?
Non, seuls les pacemakers récents (moins de 10 ans généralement) équipés d’une fonction de télémédecine sont compatibles. Vérifiez cette possibilité auprès du cardiologue lors de l’admission ou du renouvellement du dispositif.
Créer des outils pratiques réutilisables
Pour faciliter le travail quotidien, développez :
- Une fiche protocole pacemaker synthétique (une page recto-verso)
- Un arbre décisionnel face aux signes d’alerte
- Une checklist d’admission pour tout nouveau résident porteur
- Des fiches réflexes par type de complication
Ces outils doivent être validés par le médecin coordonnateur et accessibles immédiatement (affichage en salle de soins, version numérique sur le logiciel de soins).
Action concrète : Organisez une session de retour d’expérience annuelle avec le cardiologue partenaire pour ajuster les pratiques et actualiser les protocoles selon les dernières recommandations.
Précautions techniques et gestion du quotidien en toute sécurité
Au-delà de la surveillance médicale, l’accompagnement des résidents porteurs de pacemaker impose des précautions techniques quotidiennes pour éviter les interférences électromagnétiques et préserver le bon fonctionnement du dispositif.
Les interférences électromagnétiques à connaître
Les pacemakers modernes sont bien protégés, mais certaines sources peuvent générer des interférences :
Sources à risque en EHPAD :
- Défibrillateurs (risque de reprogrammation)
- Appareils de diathermie ou électrostimulation
- IRM non compatibles (contre-indication absolue sauf dispositifs spécifiques)
- Téléphones portables tenus trop près du boîtier (< 15 cm)
- Portiques antivol (passage rapide recommandé)
Sources généralement sans risque :
- Micro-ondes domestiques
- Télévision, radio, wifi
- Appareils électroménagers usuels
- Équipements informatiques
Les pacemakers implantés depuis 2020 intègrent des protections renforcées, rendant les interférences quotidiennes très rares. Néanmoins, la prudence reste de mise lors de l’introduction de nouveaux équipements dans l’établissement.
Précautions lors des soins et activités
Lors des soins quotidiens :
- Ne jamais exercer de pression forte sur le boîtier
- Éviter les mouvements brusques du bras côté implantation le premier mois
- Privilégier les vêtements amples pour éviter les frottements
- Inspecter régulièrement l’état cutané du site d’implantation
Lors des activités thérapeutiques :
- Autoriser les activités physiques douces (marche, gymnastique adaptée)
- Éviter les sports de contact ou à risque de choc thoracique
- Adapter les exercices de mobilisation des membres supérieurs
- Encourager l’autonomie dans les limites de confort
Question fréquente : Un résident peut-il bénéficier d’une rééducation kinésithérapique après l’implantation ?
Oui, après validation médicale et respect d’une période de cicatrisation (3 à 4 semaines). Le kinésithérapeute doit être informé de la présence du dispositif pour adapter ses techniques.
Gestion des situations particulières
Examens médicaux :
Avant tout examen paraclinique, vérifiez la compatibilité :
- IRM : contre-indication absolue sauf pacemaker certifié « IRM-compatible » (précisé sur la carte de porteur)
- Scanner : généralement autorisé, informer le radiologue
- Échographie : aucune restriction
- Radiothérapie : nécessite une évaluation cardiologique préalable
Interventions chirurgicales ou dentaires :
- Informer systématiquement l’anesthésiste et le chirurgien
- Éviter l’utilisation du bistouri électrique à proximité du dispositif
- Prévoir un contrôle cardiologique post-opératoire
Fin de vie et déactivation :
La question de la désactivation du pacemaker peut se poser en phase palliative avancée, notamment si le dispositif prolonge artificiellement une vie devenue souffrance. Cette décision éthique nécessite :
- Une réflexion collégiale associant médecin, famille, résident si possible
- L’avis du cardiologue référent
- Le respect des directives anticipées éventuelles
- Une traçabilité complète dans le dossier
Principe éthique : La désactivation d’un pacemaker en fin de vie n’est pas une euthanasie mais un arrêt de traitement actif, possible légalement et éthiquement dans un contexte palliatif clairement établi.
Informer et rassurer les résidents et familles
Les porteurs de pacemaker et leurs proches expriment souvent des inquiétudes :
- Crainte d’un dysfonctionnement brutal
- Peur des interférences avec les appareils du quotidien
- Interrogations sur les limitations d’activité
- Anxiété liée aux contrôles réguliers
L’équipe soignante joue un rôle essentiel de réassurance et d’information. Prenez le temps d’expliquer :
- Le bon fonctionnement du dispositif et sa fiabilité
- L’absence de douleur ou de sensation liée au pacemaker
- La possibilité de mener une vie normale adaptée
- L’importance des contrôles préventifs
Conseil pratique : Créez une fiche d’information simplifiée à remettre au résident et sa famille, reprenant les points essentiels et les contacts utiles (cardiologue, médecin coordonnateur, numéro d’urgence).
Sécuriser l’accompagnement grâce à une organisation rigoureuse
L’accompagnement des résidents porteurs de stimulateurs cardiaques illustre parfaitement la nécessité d’une approche systémique en EHPAD : conjuguer surveillance clinique quotidienne, formation technique des équipes, partenariats médicaux structurés et organisation rigoureuse.
La mise en place d’un protocole pacemaker écrit et partagé par tous les professionnels constitue le socle de cette organisation. Ce protocole doit intégrer les éléments de surveillance, les conduites à tenir, les circuits d’alerte et les coordonnées des interlocuteurs médicaux. Sa révision annuelle garantit son actualisation selon les recommandations cardiologiques évolutives.
Le rôle central de l’IDEC se confirme dans cette coordination : planification des contrôles, interface avec les cardiologues, animation des formations, mise à jour des outils de traçabilité. Cette fonction de pilotage permet d’harmoniser les pratiques et d’assurer la continuité de la prise en charge malgré les changements d’équipes.
La télésurveillance représente un levier majeur d’amélioration pour les années à venir. Son déploiement progressif dans les EHPAD facilitera le suivi, réduira les déplacements anxiogènes et renforcera le lien avec les services de cardiologie. Les établissements ont intérêt à anticiper cette évolution technologique en équipant leurs infrastructures et en formant leurs référents.
Enfin, l’information transparente auprès des résidents et familles participe à la qualité d’accompagnement. Rassurer, expliquer, associer aux décisions : ces dimensions relationnelles complètent indispensablement la dimension technique de la prise en charge.
Les EHPAD accueillant des résidents porteurs de pacemaker démontrent ainsi leur capacité à gérer des situations de soins spécialisés, à condition de structurer leur organisation, former leurs équipes et développer leurs partenariats externes. Cette montée en compétence bénéficie à l’ensemble de l’établissement et valorise la qualité des accompagnements proposés.
FAQ : Questions pratiques sur les pacemakers en EHPAD
Un résident porteur de pacemaker peut-il utiliser un téléphone portable ?
Oui, sans restriction particulière. Il est simplement recommandé de ne pas placer le téléphone directement contre le boîtier (poche de chemise côté implantation) et de téléphoner avec l’oreille opposée. Les téléphones modernes ne génèrent pas d’interférence significative à distance normale d’utilisation.
Que faire si la carte de porteur de pacemaker est perdue ?
Contactez immédiatement le service de cardiologie ayant réalisé l’implantation ou le suivi. Ils pourront éditer un duplicata. En attendant, notez dans le dossier du résident toutes les informations disponibles (type de dispositif, date d’implantation, coordonnées du cardiologue). Cette carte est indispensable en cas d’urgence ou d’examen médical.
Faut-il une antibioprophylaxie systématique avant les soins dentaires ?
Non, selon les recommandations actuelles, l’antibioprophylaxie n’est plus systématique pour les porteurs de pacemaker avant des soins dentaires. Elle reste recommandée uniquement pour les patients à haut risque d’endocardite infectieuse (valves cardiaques artificielles, antécédent d’endocardite). Vérifiez les recommandations individuelles avec le médecin coordonnateur et le cardiologue référent.

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