Lumière sur les fragilités sensorielles en Ehpad : un défi à relever

Dans une société où le vieillissement de la population est une réalité incontournable, les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) sont confrontés à des défis de taille. Parmi ceux-ci, la prise en compte des fragilités sensorielles des résidents est un enjeu majeur. La perte de l’ouïe, de la vue, du toucher, du goût ou…

Dans une société où le vieillissement de la population est une réalité incontournable, les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) sont confrontés à des défis de taille. Parmi ceux-ci, la prise en compte des fragilités sensorielles des résidents est un enjeu majeur. La perte de l’ouïe, de la vue, du toucher, du goût ou de l’odorat peut en effet avoir des conséquences importantes sur la qualité de vie des personnes âgées, leur autonomie et leur bien-être.

Ces fragilités, souvent sous-estimées, nécessitent une prise en charge adaptée et personnalisée. Les EHPAD, en tant que lieux de vie et de soins, ont un rôle crucial à jouer dans cette prise en charge. L’adaptation de l’environnement, la formation du personnel, l’accompagnement individualisé sont autant de leviers à actionner pour améliorer la qualité de vie des résidents.

Mais face à ces défis, les EHPAD ne sont pas seuls. De nombreuses initiatives, portées par des chercheurs, des professionnels de santé ou des associations, voient le jour pour améliorer la prise en compte des fragilités sensorielles. La recherche, l’innovation, la formation sont autant de pistes à explorer pour faire évoluer les pratiques et les représentations.

Enfin, dans un contexte de transformation numérique de la santé, les nouvelles technologies peuvent apporter des solutions innovantes pour accompagner les personnes âgées en perte d’autonomie. Les gérontechnologies, qui regroupent l’ensemble des technologies développées pour répondre aux besoins des personnes âgées, peuvent ainsi contribuer à améliorer la qualité de vie des résidents en EHPAD.

Cet article propose une exploration de ces différentes problématiques, en s’appuyant sur des données actuelles et pertinentes, et en adoptant une approche résolument tournée vers l’avenir. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : anticiper les défis de demain pour construire le bien-vivre ensemble de nos aînés.

Sommaire

Améliorer La Qualité De Vie Des Résidents D’ehpad Souffrant De Fragilités Sensorielles

En plein cœur de notre société vieillissante, une problématique émerge avec acuité : les fragilités sensorielles chez les résidents d’Ehpad. Ces déficiences, souvent négligées, ont pourtant un impact majeur sur la qualité de vie des personnes âgées.

L’ampleur du phénomène est saisissante. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, près de la moitié des personnes âgées en Ehpad souffrent d’une forme de perte de vue, et trois quarts d’entre elles présentent une perte auditive. En France, l’Institut de Recherche et Documentation en Économie de la Santé souligne que ces troubles sensoriels sont fréquemment associés à une perte d’autonomie.

La prise en compte de ces fragilités est essentielle. En effet, elles peuvent engendrer des difficultés de communication, une baisse de confiance en soi, voire un isolement social. Pourtant, elles sont souvent considérées comme une conséquence inévitable du vieillissement, et non comme des problématiques à part entière nécessitant une prise en charge spécifique.

Des initiatives se mettent en place pour pallier ce manque. En Angleterre, un groupe d’organisations, dont Care England et l’Alzheimer’s Society, travaille en partenariat pour sensibiliser aux problématiques de la vue et de l’ouïe en Ehpad. Leur objectif ? Améliorer la santé et la qualité de vie des résidents grâce à des ajustements peu coûteux de l’environnement de soins.

Les solutions existent et sont à portée de main. Des aides techniques, comme les appareils auditifs ou les lunettes, peuvent améliorer significativement la vie des résidents. De plus, des adaptations simples de l’environnement, comme une signalétique adaptée ou une meilleure gestion de l’éclairage, peuvent faire toute la différence.

La formation du personnel est également cruciale. Les professionnels de santé doivent être formés pour reconnaître et répondre aux besoins spécifiques des résidents souffrant de fragilités sensorielles. Ils doivent aussi être capables de distinguer ces troubles d’autres symptômes, comme ceux liés à la démence.

Innovations et initiatives : vers une meilleure prise en charge des fragilités sensorielles en Ehpad

La Nouvelle-Aquitaine se distingue par une initiative remarquable : la création d’un guide pratique destiné à sensibiliser les Ehpad au dépistage et à la prise en charge des déficiences sensorielles des résidents. Ce guide, fruit d’une collaboration entre le Gérontopôle Nouvelle-Aquitaine, le CCECQA et France Assos Santé Nouvelle-Aquitaine, est un outil précieux pour les 915 Ehpad de la région qui accueillent près de 72 000 résidents.

Le guide aborde quatre thématiques principales : les fragilités sensorielles et leur prise en compte dans les établissements, la santé visuelle, la santé auditive et la santé bucco-dentaire. Il comprend des fiches sur les pathologies, les outils existants, les conseils pratiques, des avis d’experts, le cadre réglementaire, et les ressources disponibles.

L’objectif est clair : aider les Ehpad à préserver les capacités sensorielles des résidents. En effet, 35 à 50% des résidents des Ehpad souffrent de pathologies dentaires et bucco-dentaires, 82% des personnes de plus de 60 ans sont concernées par une déficience visuelle et près de 33% par une déficience auditive. Ces déficiences, souvent sous-diagnostiquées et non prises en charge, peuvent avoir des conséquences lourdes sur la santé et la qualité de vie des résidents.

Les retombées positives de ce guide sont multiples. Pour les résidents, la prise en compte de leurs difficultés, les soins, la compensation éventuelle par l’appareillage, mais aussi la stimulation devraient avoir un impact sur leur santé et leur qualité de vie. Pour les familles, le parcours de soin de leur proche est facilité. Pour les équipes, une meilleure sensibilisation aux déficiences et à leur impact sur la qualité de vie des personnes âgées permet d’adapter leur approche relationnelle avec les résidents. Enfin, pour l’établissement, la fréquence d’incidents devrait diminuer.

Cette initiative s’inscrit dans un projet plus global, « Qualité de vie et sens au grand-âge », qui vise à informer les directions et les cadres des établissements sur les fragilités sensorielles, à donner à comprendre la réglementation pour le dépistage, les soins, l’appareillage des résidents, et à outiller les Ehpad avec des ressources pour construire leur projet de prévention et de soins.

Les nouvelles technologies au service de l’autonomie des personnes âgées

Dans un contexte de vieillissement de la population et de développement des maladies chroniques, l’accompagnement des personnes âgées en perte d’autonomie représente un défi majeur pour notre système de santé. Les nouvelles technologies, et plus particulièrement les gérontechnologies, apparaissent comme une solution prometteuse pour répondre à ces défis.

Selon un rapport de l’EHESP (École des Hautes Études en Santé Publique) datant de 2018, les gérontechnologies sont des outils développés pour répondre aux besoins de prévention et de maintien de l’autonomie des personnes âgées. Elles peuvent remplir diverses fonctions, allant de la simplification des tâches de la vie quotidienne à l’amélioration de la mobilité, en passant par la sécurisation de l’environnement de la personne concernée.

Smartphones pour seniors : une technologie à portée de main
Smartphones pour seniors : une technologie à portée de main

Ces technologies peuvent être particulièrement utiles pour les personnes âgées qui choisissent de rester à leur domicile. En effet, elles peuvent permettre de pallier l’isolement social, qui est un risque majeur pour cette population. Par exemple, des dispositifs de télémédecine peuvent permettre aux personnes âgées de consulter une équipe de professionnels médicaux et soignants sans avoir à se déplacer, ce qui peut être particulièrement bénéfique pour ceux qui ont des difficultés à se déplacer.

Cependant, l’investissement dans ces technologies doit être mûrement réfléchi. En effet, il est nécessaire de s’interroger sur la plus-value des nouvelles technologies ainsi que sur leur appropriation. Les organisations de santé doivent ainsi procéder à des arbitrages complexes au sujet de leurs priorités d’investissement. Pourquoi mettre de l’argent dans la nouvelle technologie plutôt qu’ailleurs (personnel, immobilier, par exemple) ? À quelles conditions un investissement en TIC est-il créateur de valeur ? Quels bénéfices puis-je attendre, pour qui et en combien de temps ? Pourquoi cette technologie plutôt qu’une autre ?

En outre, l’utilisation de ces technologies soulève également des questions éthiques et juridiques. Par exemple, comment garantir la sécurité des données personnelles collectées par ces dispositifs ? Comment s’assurer que l’utilisation de ces technologies ne se substitue pas à la relation humaine, qui est essentielle dans l’accompagnement des personnes âgées ?