Le Japon veut déployer dans ses ehpad des robots humanoïdes dotés d’intelligence artificielle

Le Japon, confronté à un vieillissement rapide, investit massivement dans des technologies robotiques et IA pour améliorer les soins gériatriques. Des innovations comme PARO et AIREC pourraient inspirer des solutions pour les EHPAD en France.

Face au vieillissement accéléré de sa population, le Japon explore des solutions technologiques innovantes. Le pays du soleil levant, avec 28% de sa population âgée de plus de 65 ans, est confronté à une pénurie de personnel soignant alarmante. Cette situation pousse les autorités à investir massivement dans la robotique et l’intelligence artificielle appliquées aux soins gériatriques. Ces technologies pourraient-elles inspirer nos établissements français ? Découvrons les innovations les plus prometteuses déployées dans les équivalents japonais de nos EHPAD.

Un contexte démographique qui pousse à l’innovation

Le Japon traverse une crise démographique sans précédent. En 2024, seulement 720 988 naissances ont été enregistrées, soit une baisse de 5% par rapport à l’année précédente.

Cette situation crée un déséquilibre majeur dans le secteur des soins. Pour un poste disponible dans le domaine des soins gériatriques, on compte à peine 0,23 candidat. En d’autres termes, il y a seulement 1 candidat pour 4,25 postes dans ce secteur.

Les projections sont encore plus préoccupantes. Le pourcentage de personnes âgées de plus de 65 ans devrait atteindre 30% d’ici 2025 et même 40% d’ici 2060.

Face à ce défi, les autorités japonaises misent sur la technologie. Le pays développe des solutions robotiques et d’intelligence artificielle adaptées aux besoins spécifiques des personnes âgées.

PARO : le robot phoque thérapeutique, star des établissements de soins

Parmi les innovations les plus réussies figure PARO. Ce robot émotionnel d’assistance thérapeutique a été conçu pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.

Son développement a commencé dès 1993. Il a ensuite été commercialisé au Japon en 2005. Aujourd’hui, plus de 3000 robots PARO sont utilisés dans 30 pays à travers le monde.

Ce robot thérapeutique présente plusieurs caractéristiques techniques avancées :

  • Une fourrure synthétique à fibres bactéricides et fongicides
  • Sept moteurs permettant des mouvements réalistes
  • Des capteurs tactiles et sonores pour interagir avec les résidents

L’efficacité de PARO dépasse le simple divertissement. Il s’agit d’un véritable outil de thérapie non-médicamenteuse. Les études montrent qu’il stimule les fonctions cognitives et améliore la communication chez les personnes âgées.

Des résultats surprenants ont été observés. Certains résidents qui communiquaient très peu ont recommencé à former des phrases cohérentes en présence du robot phoque.

AIREC : l’avenir des soins robotisés

Plus récemment, une innovation majeure a vu le jour : AIREC (AI-driven Robot for Embrace and Care). Ce robot humanoïde doté d’intelligence artificielle représente une avancée considérable dans les soins aux personnes âgées.

AIREC est conçu pour assister les soignants dans des tâches complexes comme :

  • Le changement de position des patients
  • La prévention des escarres
  • L’aide à l’habillage
  • La préparation de repas simples

Lors d’une démonstration récente à Tokyo, ce robot a prouvé sa dextérité. Il a réussi à faire délicatement rouler un patient sur le côté, un geste technique qui nécessite précision et douceur.

Sa technologie repose sur un réseau neuronal profond (DNN). Ce système permet de prédire les mouvements articulaires et d’ajuster la force appliquée en temps réel.

Le déploiement d’AIREC est prévu progressivement. Il pourrait commencer à être mis en circulation d’ici 2040. Les experts estiment qu’il pourra travailler de manière totalement autonome d’ici 2050.

L’investissement initial reste conséquent : environ 10 millions de yens, soit 64 000 euros.

D’autres innovations prometteuses pour les EHPAD

Le géant automobile Toyota s’est aussi lancé dans ce marché. Son projet « Human Support Robot » vise à créer des robots infirmiers. Ces assistants sont principalement destinés aux personnes âgées vivant à domicile.

La mobilité est également concernée. La société Robot Taxi développe des véhicules autonomes spécialement conçus pour les seniors. Ces voitures sans conducteur leur permettent de se déplacer en toute sécurité.

Pour le bien-être quotidien, des robots interactifs d’animation et d’exercice physique ont été créés. Ils proposent des activités ludiques et guident les résidents dans des exercices adaptés à leur condition physique.

La surveillance a aussi été repensée. Des capteurs de sommeil placés sous les matelas permettent de suivre la qualité du repos des résidents. Ce système réduit la nécessité des rondes nocturnes tout en améliorant le suivi.

Un soutien gouvernemental massif

Le gouvernement japonais joue un rôle crucial dans le développement de ces technologies. Les autorités soutiennent activement le recours à l’automatisation, à la connectivité et à l’intelligence artificielle dans le secteur des soins.

Un plan ambitieux a été mis en place. Le pays prévoit d’ouvrir 10 centres de recherche et développement en robotique d’assistance répartis sur tout le territoire.

L’objectif est double. D’une part, faire face aux défis du vieillissement de la population. D’autre part, positionner le Japon comme leader mondial dans le secteur des robots médicaux.

Une acceptation culturelle facilitée

L’adoption de ces technologies est favorisée par des spécificités culturelles. 80% des Japonais se déclarent favorables à l’utilisation des robots dans les soins infirmiers, contre seulement 54% des Français.

Cette différence s’explique notamment par un rapport aux objets distinct. Dans la culture japonaise, la perception des robots est généralement plus positive qu’en Occident.

Une enquête menée par Orix Living confirme cette tendance. La grande majorité des sondés perçoit l’utilisation de robots dans les soins de manière favorable.

Limites et perspectives pour nos EHPAD français

Malgré ces avancées, plusieurs défis persistent. Les robots font face à des limites techniques, éthiques, culturelles et socio-économiques qui freinent leur adoption massive.

La question de la déshumanisation des soins reste centrale. Remplacer le contact humain par des machines pourrait affecter le bien-être psychologique des patients. L’empathie et la compassion humaines demeurent irremplaçables.

Il est important de préciser que l’objectif n’est pas de substituer le personnel soignant. Ces technologies visent plutôt à soulager la charge de travail et à améliorer la qualité des soins dispensés.

Pour les établissements français, ces innovations offrent des pistes de réflexion. L’expérience japonaise pourrait inspirer des solutions adaptées à notre contexte culturel et à nos contraintes budgétaires.

En bref : vers une complémentarité homme-machine

Le Japon trace la voie d’une révolution technologique dans les soins aux personnes âgées. Confronté à un défi démographique sans précédent, le pays explore des solutions innovantes qui pourraient inspirer nos pratiques en EHPAD.

L’expérience japonaise montre que la technologie peut être une alliée précieuse, mais pas un substitut au contact humain. La robotique et l’IA doivent être pensées comme des outils au service des soignants et des résidents.

Pour nos établissements français, il s’agit de trouver le juste équilibre entre innovation technologique et préservation de la relation humaine. Dans ce dialogue entre tradition et modernité se dessine l’avenir de nos EHPAD.

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