5 étapes pour construire un plan de soins clair et partagé en EHPAD

Découvrez 5 étapes concrètes pour construire un plan de soins clair, partagé et vivant en EHPAD. Méthode pratique pour améliorer la prise en charge.

Un plan de soins bien construit et partagé par tous ne devrait pas être un luxe en EHPAD, mais une norme. Pourtant, dans la réalité du terrain, il devient souvent un document figé, archivé dans un dossier numérique rarement consulté. Résultat : une prise en charge fragmentée, des informations qui se perdent entre les relèves, et une famille qui ne comprend pas toujours ce qui est mis en place pour son proche. Cet article vous guide à travers 5 étapes concrètes pour bâtir un plan de soins véritablement clair, partagé et vivant.

Pourquoi le plan de soins partagé est un enjeu stratégique en EHPAD

Le plan de soins personnalisé n’est pas qu’une obligation réglementaire imposée par le décret relatif aux droits et libertés des personnes accueillies. C’est avant tout l’outil pivot qui structure l’accompagnement au quotidien. Il traduit en actions concrètes les besoins identifiés du résident, coordonne les interventions de chacun et garantit la continuité des soins.

Or, trop souvent, ce document reste cloisonné : rédigé par l’IDEC ou le médecin coordonnateur, consulté par quelques-uns, mais rarement approprié par l’ensemble de l’équipe pluridisciplinaire. Quant aux familles, elles se sentent parfois tenues à l’écart, alors même qu’elles sont des partenaires essentiels de la prise en charge.

Un plan de soins clair et partagé améliore la qualité de vie du résident, limite les risques d’erreurs, facilite les transmissions et renforce la cohésion d’équipe. Il permet aussi de mieux répondre aux attentes des contrôleurs lors des évaluations externes ou des inspections de l’ARS. Bref, investir du temps dans sa construction est un gain pour tous.


Les 5 étapes pour construire un plan de soins efficace

Construire un plan de soins partagé ne s’improvise pas. Cela demande méthode, rigueur et implication collective. Voici les cinq étapes clés qui vous permettront d’élaborer un document véritablement fonctionnel et adapté à votre établissement.

1. Évaluer les besoins du résident de manière pluridisciplinaire

Tout commence par une évaluation approfondie et collaborative. Il ne s’agit pas seulement de remplir une grille AGGIR ou de cocher des items dans un logiciel. L’idée est de croiser les regards de chaque professionnel : l’aide-soignante qui connaît les habitudes du matin, l’ASG qui observe les interactions sociales, l’infirmière qui gère les traitements, l’ergothérapeute ou le psychologue qui repèrent les fragilités psychomotrices ou émotionnelles.

Exemple concret : Madame D., 82 ans, présente des troubles cognitifs débutants. L’aide-soignante remarque qu’elle refuse souvent la toilette le matin. L’ASG note qu’elle se replie pendant les animations. L’infirmière constate une anxiété liée à la prise de médicaments. En réunion pluridisciplinaire, ces observations permettent d’identifier un besoin global : rassurer Madame D., restaurer ses repères temporels et personnaliser les moments de soin.

Conseil d’application : Organisez une réunion d’admission dans les 15 jours suivant l’arrivée du résident. Donnez la parole à chacun, même aux agents qui interviennent ponctuellement. Notez tout dans une fiche de synthèse partagée, accessible sur votre logiciel métier.


2. Définir des objectifs de soins clairs, mesurables et réalistes

Une fois les besoins identifiés, il faut les traduire en objectifs concrets. Un objectif flou comme « améliorer le bien-être » ne sert à rien. En revanche, « diminuer les refus de toilette à 2 par semaine d’ici un mois » est actionnable et mesurable.

Chaque objectif doit être :
Spécifique : cibler un problème précis
Mesurable : quantifiable ou observable
Atteignable : adapté aux capacités du résident
Réaliste : tenant compte des ressources de l’établissement
Temporellement défini : avec une échéance de réévaluation

Exemple concret : Pour Monsieur L., qui présente un risque de dénutrition, l’objectif pourrait être : « Stabiliser le poids à 68 kg d’ici 6 semaines, en proposant une collation enrichie à 10h et en adaptant les textures ».

Conseil d’application : Utilisez la méthode SMART pour formuler chaque objectif. Impliquez le résident ou sa famille dans leur définition, pour favoriser l’adhésion et le sens donné aux soins.


3. Rédiger des actions concrètes et traçables pour chaque intervenant

Un plan de soins n’a de valeur que s’il précise « qui fait quoi, quand, comment ». Chaque objectif doit être décliné en actions opérationnelles, attribuées nominativement ou par fonction, avec une fréquence et un mode opératoire clairs.

Exemple concret : Pour l’objectif « diminuer les refus de toilette », le plan de soins de Madame D. pourrait inclure :
Aide-soignante du matin : proposer la toilette après le petit-déjeuner, dans le calme, avec une musique douce (tous les jours)
Psychologue : séance d’écoute hebdomadaire pour identifier les angoisses
Référente : transmettre à la famille les stratégies qui fonctionnent (mensuel)

Conseil d’application : Créez un tableau de bord dans votre logiciel de soin ou sur un support papier plastifié en salle de soins. Chaque action doit pouvoir être cochée ou horodatée, pour garantir la traçabilité et faciliter les transmissions.


4. Partager le plan de soins avec toute l’équipe et la famille

Un plan de soins élaboré en vase clos perd 80 % de son efficacité. Il doit être communiqué, expliqué, et approprié par tous les acteurs : soignants, personnels hôteliers, bénévoles, familles.

Exemple concret : Dans un EHPAD du Rhône, l’IDEC organise chaque trimestre une « réunion plan de soins » par unité, où sont présentés les nouveaux plans et ajustés les anciens. Les familles sont invitées sur rendez-vous à consulter le plan de leur proche, avec un temps d’échange dédié.

Conseil d’application : Affichez une version simplifiée et anonymisée du plan de soins dans le bureau de soins ou la chambre du résident (avec son accord). Utilisez des pictogrammes ou un code couleur pour le rendre visuellement accessible. Lors des transmissions, mentionnez systématiquement les objectifs en cours. Envoyez aux familles une synthèse trimestrielle par mail ou via l’espace famille de votre logiciel.


5. Réévaluer régulièrement et ajuster en continu

Un plan de soins figé devient obsolète en quelques semaines. L’état de santé d’un résident évolue, ses capacités fluctuent, ses attentes changent. La réévaluation régulière est la clé d’un plan de soins vivant.

Exemple concret : Madame R. avait pour objectif de maintenir son autonomie à la marche. Après une chute suivie d’une hospitalisation, l’objectif est revu : « sécuriser les déplacements avec déambulateur et présence d’un soignant ». Le plan de soins est ajusté en réunion pluridisciplinaire hebdomadaire.

Conseil d’application : Fixez des jalons de réévaluation systématiques : à 1 mois, 3 mois, 6 mois, puis annuellement. Organisez des réunions d’analyse de pratique où chaque professionnel peut remonter ce qui fonctionne ou non. Intégrez ces réévaluations dans votre agenda annuel de gestion des risques et de la qualité.

« Un plan de soins partagé, c’est comme une partition : chacun doit connaître sa partie, mais aussi écouter les autres pour jouer ensemble. »


Une méthode à déployer dès demain dans votre établissement

Vous l’aurez compris : construire un plan de soins clair et partagé n’est pas une question d’outils sophistiqués ou de budgets conséquents, mais bien d’organisation, de méthode et de culture de la collaboration. Chaque étape compte. Chaque acteur a son rôle. Et chaque résident mérite cette attention structurée.

Voici trois actions concrètes pour démarrer dès cette semaine :

  1. Planifiez une première réunion pluridisciplinaire avec l’équipe de l’une de vos unités, autour d’un résident dont le plan de soins est incomplet ou peu lisible.
  2. Rédigez un modèle de plan de soins partagé simplifié, avec vos rubriques essentielles (besoins, objectifs, actions, échéances).
  3. Testez une restitution famille sur un ou deux résidents volontaires, pour recueillir leur retour et ajuster votre format.

En agissant progressivement, vous créerez une dynamique positive. Les équipes se sentiront davantage impliquées, les résidents mieux pris en charge, et vous disposerez d’un outil de pilotage fiable pour évaluer l’efficacité de vos actions.


Et maintenant, à vous de jouer !

Vous avez désormais toutes les clés pour transformer le plan de soins en véritable levier de qualité au sein de votre EHPAD. Ne laissez plus ce document dormir dans les tiroirs numériques. Faites-en un outil vivant, partagé, qui porte du sens pour chaque professionnel et chaque famille.

Commencez petit, testez, ajustez, essaimez. C’est en pratiquant que vous affinerez votre méthode. Et rappelez-vous : chaque plan de soins bien construit, c’est une prise en charge plus sécurisée, une équipe plus sereine, et un résident mieux accompagné. Alors, prêt à passer à l’action ?

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