La réintégration des professionnels de santé non vaccinés est une question qui suscite de vifs débats. Le Covid-19 n’étant plus considéré comme une urgence sanitaire mondiale, les conditions de réintégration de ces professionnels ont été annoncées le 14 mai. Cette décision, éclairée par l’expertise scientifique, soulève des enjeux éthiques et politiques.
La vérité scientifique, qui peut évoluer et comporter des nuances, doit guider les décisions politiques. C’est ce qu’a souligné l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques (OPECST) dans son rapport du 9 juin 2022. La Haute autorité de santé (HAS) a respecté cette exigence en présentant, les 29 et 30 mars 2023, deux études sur les obligations vaccinales des professionnels.
La HAS a conclu que seule la vaccination préventive contre l’hépatite B devrait rester obligatoire pour les professionnels de santé. La vaccination contre le Covid-19, la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite est “fortement recommandée”. Cette décision a été influencée par le refus de certains soignants de se conformer à une prescription médico-scientifique.
Le 5 mai 2023, l’OMS a annoncé que le Covid-19 n’était plus une urgence sanitaire de portée internationale. En conséquence, un décret a été publié le 14 mai, détaillant les conditions de réintégration des professionnels non vaccinés. Cependant, cette décision a suscité des controverses déontologiques.
La vaccination a prouvé son efficacité pour prévenir la transmission de maladies graves. Entre le 1er mars 2020 et le 7 février 2023, 158 336 professionnels de santé ont été contaminés par le SARS-CoV-2. Le nombre d’infections nosocomiales entre le 1er mars 2020 et le 14 janvier 2022 est de 6 505.
La HAS a éclairé la décision politique concernant la réintégration des professionnels non vaccinés sur la base d’une expertise scientifique et de données internationales. Elle propose également une nouvelle doctrine de la stratégie vaccinale, qui sera complétée par une évaluation attendue pour juillet 2023.
La HAS préconise que la vaccination contre la Covid-19 soit fortement recommandée, en particulier pour les professions en contact régulier avec des personnes immunodéprimées ou vulnérables. Elle souligne également que la vaccination ne remplace pas les autres mesures de prévention des infections.
La décision de réintégrer les professionnels non vaccinés a des conséquences éthiques et politiques. Elle concerne environ 4000 professionnels sur les 637 644 infirmiers et 400 000 aides-soignants en exercice au 1er janvier 2022. Cependant, son impact dépasse le cadre d’une procédure administrative.
La crise sanitaire a souligné l’importance de la vérité scientifique. Face à l’urgence de prendre des décisions dans un contexte d’incertitude,de peurs et de défiance, la décision publique est difficile à arbitrer. Les principes et repères proposés par la HAS constituent un référentiel précieux.
La réintégration des professionnels non vaccinés n’est pas une réhabilitation. Il est nécessaire d’anticiper les événements futurs et d’ouvrir un débat réel sur l’obligation vaccinale pour tous. Il manque une concertation nationale à la suite de la pandémie. De nombreux enjeux, tels que les limitations de l’accès en réanimation, les déprogrammations, les décrochages sociaux, les souffrances psychiques, les deuils, les hommages aux victimes, méritent une restitution.
Au-delà de la préconisation de la HAS, il y a des enjeux relevant également d’une approche éthique. Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a déjà récapitulé les “enjeux éthiques d’une politique vaccinale contre le SARS-CoV-2”. La vaccination est avant tout un enjeu de santé publique et illustre un conflit éthique entre les intérêts de la société et les intérêts individuels.
En situation de crise non anticipée, le principe de réalité n’exonère pas de l’exigence de penser le processus décisionnel dans sa complexité, particulièrement lorsque nos valeurs sont engagées. Il convient de concilier des enjeux parfois contradictoires, au regard d’une conception subjective du “moindre mal” ou du préférable.
Depuis le 5 mai 2023, l’OMS ne considère plus le Covid comme une urgence sanitaire de portée internationale. Cependant, rappelons qu’au plan mondial, 765 millions de personnes ont été infectées, plus de 20 millions sont décédées. Le 3 mai 2023, Santé publique France indiquait dans notre pays 166 811 décès depuis le début de la pandémie.
L’OMS a également rappelé aux professionnels l’importance de la vaccination, qui a directement contribué à sortir de la crise du SARS-CoV-2. La vaccination d’une proportion importante de la population protège également les personnes vulnérables, y compris celles qui ne peuvent pas recevoir de vaccins, ou la faible proportion de personnes qui pourraient rester à risque d’infection après la vaccination.
En conclusion, la question de la réintégration des professionnels de santé non vaccinés est complexe et multifacette. Elle soulève des enjeux éthiques, politiques et scientifiques. La vérité scientifique, l’éthique et le respect des valeurs sont essentiels pour prendre des décisions éclairées et justes.