L’alarme retentit dans le secteur des EHPAD. Face à une crise financière sans précédent, le gouvernement a décidé de débloquer une aide d’urgence de 100 millions d’euros. Une mesure qui, bien que nécessaire, ne résout pas les problèmes structurels de ces établissements.
Les EHPAD sont en difficulté. L’inflation, qui fait rage, met à mal leur modèle économique déjà fragile. Les résidents modestes ne peuvent pas augmenter leurs prix à volonté. Les tarifs des services à domicile n’ont pas été suffisamment réévalués, plongeant des groupes entiers dans le rouge. Une solution pérenne doit être trouvée, d’autant plus que le nombre de personnes de plus de 60 ans passera de 17 millions actuellement à 27 millions en 2050.
En décembre dernier, le gouvernement a confié à la députée PS Christine Pirès-Beaune une mission de réflexion sur les aides publiques permettant de limiter le reste à charge des résidents en EHPAD. Son rapport, de plus de 100 pages, a été remis mercredi et préconise une refonte complète du modèle. Des réponses seront apportées à la rentrée.
En attendant, le gouvernement a annoncé un soutien exceptionnel. En septembre, 100 millions d’euros seront mis à disposition des agences régionales de santé (ARS). Un cofinancement sera recherché avec les départements, notamment pour soutenir les services à domicile, qui relèvent de leur compétence exclusive.
Ces 100 millions d’euros, dont la répartition entre les départements reste à préciser, sont une aide d’urgence à laquelle sont éligibles les structures publiques mais aussi privées à condition qu’elles soient à but non lucratif. Une instruction du ministère des Solidarités précisera le fonctionnement du dispositif de soutien, qui sera opérationnel dès la rentrée.
Cependant, cette aide n’est qu’un pansement sur une plaie béante. Une enquête menée en juin par la Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées (Fnadepa) révélait que 65% des établissements et services étaient déficitaires fin 2022, pour un montant moyen de 143.325 euros. Pire encore, 36% des structures auront épuisé leurs réserves financières si le déficit perdure plus d’un an, et 54% s’attendent à des problèmes de trésorerie en 2023 pour payer leurs charges de fonctionnement.
Le rapport remis à Elisabeth Borne appelle à une réforme structurelle du financement, de la gouvernance et de la régulation des EHPAD. Plusieurs scénarios de réforme de la tarification des établissements y ont été examinés, et la réflexion se poursuivra à la rentrée.
Des travaux complémentaires seront lancés pour étudier plus en profondeur le modèle économique des EHPAD selon leurs différences de nature juridique (publics, privés non lucratifs, privés lucratifs). Une concertation va s’ouvrir sous l’égide du ministère des Solidarités. Elle réunira l’État, les départements et les fédérations professionnelles du secteur. Ces chantiers s’inscriront dans la feuille de route du gouvernement sur le bien vieillir.