L’opérateur de maisons de retraite Orpea est au cœur d’une tempête financière. Le plan de sauvetage de l’entreprise, voté récemment, n’a pas fait l’unanimité parmi les actionnaires et les créanciers. Un scénario qui a fait plonger l’action de la société en bourse.
Orpea, actuellement en procédure de sauvegarde accélérée, a soumis son plan de restructuration financière à ses créanciers et actionnaires. Ces derniers, répartis en dix classes, ont eu à se prononcer sur ce plan. Six classes ont approuvé le projet à la majorité requise (plus des deux-tiers), trois autres, dont celle des actionnaires, ont soutenu le projet à plus de 50%. Cependant, les porteurs d’Oceane (obligation convertibles échangeables en actions nouvelles ou existantes) ont rejeté ce plan à 50,8%.
Face à cette situation, Orpea va solliciter auprès du tribunal de commerce de Nanterre l’arrêté du plan de sauvegarde accéléré par “application forcée interclasses”. Cette procédure permet à la justice d’appliquer ce type de plan quand bien même toutes les classes n’ont pas donné leur feu vert. Si le tribunal estime que les conditions légales sont remplies, Orpea pourra finaliser sa restructuration financière, prévue au second semestre de cette année.
Cependant, cette restructuration pourrait avoir des conséquences dramatiques pour les actionnaires existants. En effet, si le plan est arrêté par le tribunal, ils ne détiendraient plus qu’environ 0,04% du capital de la société, soit une dilution de 99,96%. La valeur théorique de l’action ressortirait à environ 0,02 euro, selon le groupe.
La restructuration financière du groupe prévoit un allègement de dette de près de 4 milliards d’euros ainsi que la prise de contrôle de la société par un groupement d’investisseurs mené par la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Deux rapports du cabinet Ledouble valorisent l’entreprise entre 6 milliard et 7 milliards d’euros en continuité d’exploitation et entre 2,6 milliards d’euros et 3,7 milliards d’euros en situation liquidative.
Cependant, ces estimations portent sur une valeur d’entreprises et non sur des capitaux propres. Autrement dit, la valeur des capitaux propres de la société est très largement négative, vu que le groupe accusait une dette brute de 9,7 milliards d’euros à fin décembre 2022.
En bref, la situation d’Orpea illustre parfaitement les risques et les défis auxquels sont confrontées les entreprises en difficulté financière. La restructuration, bien que nécessaire, peut être une pilule amère à avaler pour les actionnaires et les créanciers. Et dans le cas d’Orpea, la pilule semble particulièrement amère.