Chaque année, le lundi de Pentecôte marque une date particulière dans le calendrier français : la Journée de Solidarité. Cette journée de travail non rémunérée, instaurée en 2004, a pour objectif de financer des actions en faveur de l’autonomie des personnes âgées ou handicapées. Mais qu’est-ce que cette journée représente réellement en termes de chiffres et d’impact sur la société française ?
La Journée de Solidarité, une initiative du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, a été mise en place à la suite de la canicule de 2003, qui a causé la mort de près de 15 000 personnes. Cette journée de travail supplémentaire, non rémunérée pour le salarié, est destinée à financer la dépendance.
Cependant, cette mesure a suscité des controverses. En 2005, lors de la première Journée de Solidarité, de nombreux travailleurs se sont mis en grève. Les syndicats ont dénoncé le “travail gratuit” des salariés, estimant que ces derniers ne pouvaient être les seuls à financer la dépendance. Malgré ces contestations, la Journée de Solidarité a été maintenue.
Depuis 2008, les entreprises ont la liberté de fixer la date de cette journée. Elle peut donc se tenir n’importe quel jour non travaillé : un samedi, un jour férié, ou même être fractionnée en heures et étalée sur plusieurs jours.
Tous les salariés et employeurs sont concernés par cette journée, à l’exception de certaines catégories de travailleurs. Les intérimaires et les alternants doivent effectuer la journée de solidarité, mais les premiers sont rémunérés normalement pour les heures de travail effectuées ce jour-là, tandis que les seconds ne le sont pas. Les stagiaires ne sont pas tenus d’effectuer cette journée, sauf si cela est expressément mentionné dans la convention de stage.
Mais combien cette journée rapporte-t-elle réellement à l’Etat ? L’employeur verse 0,3% de sa masse salariale brute à l’URSAFF, qui est ensuite reversé à la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). En 2021, 2,907 milliards d’euros ont été récoltés grâce à la Journée de Solidarité, dont 2,124 milliards d’euros au titre de la contribution des salariés versée par les entreprises, auxquels s’ajoutent 783 millions d’euros venant des pensions de retraite diminuées de 0,3% au titre de la contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie (CASA).
Depuis 2013, les retraités et préretraités imposables sont également concernés par cet effort de solidarité annuel. Entre 2004 et 2020, la CSA a rapporté 37 milliards d’euros au bénéfice des personnes âgées et des personnes handicapées. En 2022, la CNSA prévoyait de collecter environ 3 milliards d’eurosgrâce à cette journée.
Ces fonds sont principalement investis dans le financement des établissements spécialisés, tels que les maisons de retraite et les instituts pour personnes handicapées, ou dédiés à l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), qui permet la prise en charge des personnes âgées.
La Journée de Solidarité, malgré les controverses qu’elle a suscitées, est donc un levier financier important pour l’autonomie des personnes âgées et handicapées en France. Elle représente une contribution significative à l’effort national pour prendre soin de ceux qui en ont le plus besoin.