La prise en charge des personnes âgées en perte d’autonomie est un sujet brûlant. Qu’elles vivent chez elles ou en établissement spécialisé, ces personnes et leurs aidants font face à des défis majeurs pour garantir une prise en charge à la fois humaine et de qualité. De plus, le coût de ces services pèse lourdement sur les familles.
En France, 600 000 personnes vivent en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Leur premier défi est d’assurer une prise en charge de qualité. Il est vital que les professionnels du secteur, que ce soit à domicile ou en établissement, soient reconnus et en nombre suffisant. La qualité de l’alimentation en maison de retraite est également essentielle. Une étude a révélé l’importance de l’équilibre alimentaire, des horaires des repas et du suivi nutritionnel des résidents.
Par ailleurs, le coût de la prise en charge est un autre enjeu crucial. Si à domicile, la loi d’adaptation de la société au vieillissement de 2015 a réduit les coûts pour les familles, ce n’est pas le cas en Ehpad. Une étude a montré que le coût moyen d’un Ehpad est de 2 214 € par mois. De plus, il existe de fortes disparités territoriales en matière de prix. Ces inégalités sont souvent dues à la présence d’Ehpad privés à but lucratif, qui augmentent les tarifs sans nécessairement offrir un cadre de vie adéquat.
Face à ces coûts élevés, certains se tournent vers les assurances dépendance. Cependant, elles sont souvent coûteuses et peu transparentes. C’est pourquoi il est essentiel de faire appel à la solidarité nationale. L’idée d’un “bouclier dépendance” a été proposée. Ce dispositif garantirait une augmentation de l’aide publique après une certaine durée de perte d’autonomie, plafonnant ainsi le reste à charge au revenu courant de la personne dépendante.
Plusieurs mesures sont nécessaires pour améliorer la situation. Parmi elles, la mise en place d’un “bouclier dépendance” réduirait le reste à charge après 3 ou 4 ans de résidence en Ehpad. Il est également essentiel de reconnaître le rôle des aidants informels en leur offrant formation et soutien. De plus, il faut définir un encadrement public de l’assurance dépendance, améliorer la qualité de l’alimentation en Ehpad et réduire les disparités d’accès à ces établissements. Enfin, pour le bien-être des résidents, un taux d’encadrement minimal et une représentation des associations en santé au sein des conseils de vie sociale sont nécessaires.
L’urgence d’un service public pour la prise en charge de la dépendance
La dépendance liée à l’âge est un défi sociétal majeur. Clément Carbonnier, économiste, souligne dans une tribune au Le Monde l’importance de développer un véritable service public pour répondre à cette problématique. Malgré la création formelle de la cinquième branche de la Sécurité sociale en 2020, les dispositifs actuels restent insuffisants pour garantir un accès universel à des soins essentiels.
Depuis des années, chaque gouvernement annonce des plans ambitieux pour la prise en charge de la perte d’autonomie. Pourtant, les résultats se font attendre. Le vieillissement de la population n’est pas seulement un enjeu pour les personnes âgées et leurs aidants. Il impacte également les services hospitaliers, déjà surchargés. En 2002, l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) a été mise en place, remboursant partiellement les soins prescrits. Cependant, les coûts restants sont souvent trop élevés, conduisant à un renoncement aux soins.
Les politiques publiques ont tenté de stimuler le secteur en élargissant les crédits d’impôt. Ces mesures, bien que coûteuses pour l’État, n’ont pas eu l’effet escompté en termes de création d’emplois. De plus, elles ont souvent bénéficié aux plus aisés, laissant de côté ceux qui en avaient le plus besoin. Les services à la personne, bien que subventionnés, restent inaccessibles pour de nombreux seniors, en particulier les plus modestes.
Carbonnier pointe également du doigt l’inégalité des politiques actuelles. Les plus fortunés, y compris parmi les seniors, bénéficient davantage de subventions, consommant plus de services à la personne. Ces mesures fiscales, bien que généreuses, n’ont pas permis d’élargir l’accès aux soins. Les plus aisés auraient de toute façon consommé ces services, tandis que les plus modestes restent exclus, même avec des dispositifs fiscaux.
Face à ces constats, l’économiste plaide pour la mise en place d’un service public robuste pour la prise en charge de la dépendance. Une telle initiative permettrait de garantir un accès équitable aux soins pour tous, indépendamment de la situation financière. Il est temps de repenser notre approche de la dépendance et de mettre en place des solutions durables pour répondre aux besoins croissants de notre population vieillissante.