Le 22 décembre prochain, une réunion cruciale se tiendra pour le groupe Orpea, leader dans le secteur des Ehpad. L’assemblée générale envisage de marquer un tournant significatif avec la nomination de nouveaux administrateurs issus de la Caisse des dépôts et consignations, CNP Assurances, la Maif et MACSF Epargne retraite. Cette décision fait partie intégrante d’une stratégie de restructuration financière, suite à un accord de lock-up conclu en février.
Le 13 novembre, Orpea a annoncé son intention d’intégrer de nouveaux membres au sein de son conseil d’administration. Cette décision, attendue pour le 22 décembre, s’inscrit dans une démarche de restructuration financière. L’accord de lock-up du 14 février, conclu entre Orpea et un groupement incluant la Caisse des dépôts et consignations [CDC], CNP Assurances, la Maif et MACSF, ainsi que cinq institutions détenant de la dette non sécurisée, a jeté les bases de cette transformation.
Parmi les candidats proposés, on trouve des profils remarquables, à l’instar de Philippe Grangeon, 66 ans, spécialiste en communication et marketing, et ancien conseiller spécial du président Macron. Sibylle Le Maire, 49 ans, directrice déléguée du groupe Bayard, et Frédérique Mozziconacci, 51 ans, avec une expérience solide dans le secteur de la santé, sont également en lice. Méka Brunel, administratrice indépendante, complète ce tableau.
Le “groupement” entend nommer des représentants permanents au conseil d’administration. Pour la CDC, Audrey Girard, directrice du pilotage des participations stratégiques, prendra ce rôle. Stéphane Dedeyan, directeur général de CNP Assurances, représentera cette dernière. La Maif sera représentée par Pascal Demurger, et MACSF épargne retraite par Stéphane Dessirier.
Mireille Faugère, 67 ans, une figure éminente du secteur de la santé publique, rejoindra également le conseil d’administration. Sa cooptation, aux côtés de Guillaume Pepy et Laurent Guillot, sera soumise à ratification lors de l’assemblée générale.
Cette réorganisation du conseil d’administration coïncide avec une initiative majeure d’Orpea : une augmentation de capital d’environ 3,9 milliards d’euros. Cet effort financier vise à éponger l’endettement non sécurisé du groupe. Une démarche ambitieuse, qui a récemment franchi un cap décisif avec le rejet par la cour d’appel de Paris des recours contre la décision de l’Autorité des marchés financiers.
Le prix de souscription des nouvelles actions a été fixé à 0,0601 euro, avec une parité de souscription de 999 actions nouvelles pour 1 action existante. La période de souscription s’étendra du 16 au 27 novembre 2023.
Ces changements au sein du conseil d’administration et cette augmentation de capital sont révélateurs des efforts d’Orpea pour redresser sa situation financière. Avec l’entrée de la Caisse des dépôts et consignations et d’autres acteurs clés dans sa gouvernance, Orpea semble s’orienter vers une nouvelle ère, marquée par une stabilité renforcée et une gestion plus rigoureuse.
Restructuration d’Orpea : Une Nouvelle Ère Sous le Signe du Redressement
Le groupe Orpea, un acteur majeur dans le secteur des Ehpad, traverse une période charnière. Le lancement d’une augmentation de capital massive de 3,9 milliards d’euros symbolise un tournant décisif pour cette entreprise jadis frappée par un scandale de maltraitance et des difficultés financières substantielles.
Cette augmentation de capital, qui a pour but d’effacer l’intégralité de l’endettement non sécurisé d’Orpea, s’avère cruciale. La dette totale du groupe avoisine les 9 milliards d’euros, et la structure de cette dette est particulièrement complexe. L’objectif déclaré est de réduire de 60% la dette nette d’Orpea, un geste audacieux pour une entreprise en pleine crise.
L’entrée de la Caisse des dépôts au sein du conseil d’administration d’Orpea n’est pas un événement isolé. Elle fait partie intégrante d’un plan de restructuration financière ambitieux qui prévoit trois augmentations de capital successives. Ces opérations boursières s’inscrivent dans un contexte plus large de redressement, suite à des années de gestion critiquée et de scandales ayant ébranlé la confiance des investisseurs et du public. La première augmentation de capital est proposée à un prix de 0,0601 euro par action, avec des valeurs ultérieures encore plus basses. Ces décisions, bien que nécessaires, entraînent une dévaluation significative des actions existantes.
L’ampleur des difficultés d’Orpea a été mise en lumière par la publication du livre “Les Fossoyeurs” de Vincent Castanet en janvier 2022. Cette enquête a révélé des pratiques de maltraitance et des irrégularités financières graves au sein du groupe. Face à ces révélations, le parquet de Nanterre a ouvert une enquête pour maltraitance institutionnelle et détournement de fonds publics. Depuis, la valeur boursière d’Orpea a chuté de plus de 95%, un déclin spectaculaire qui a poussé l’entreprise à chercher de l’aide auprès de la Caisse des dépôts pour orchestrer sa restructuration.
Dans ce contexte tumultueux, Orpea a également bénéficié d’un financement complémentaire de 600 millions d’euros via un crédit syndiqué sécurisé en mars 2023. Cet apport financier supplémentaire, conclu avec ses principaux partenaires bancaires, souligne la volonté de l’entreprise de stabiliser sa situation financière et de renforcer sa structure de capital. Ces crédits sont destinés à être utilisés pour une partie des actifs immobiliers du groupe, démontrant un effort pour maintenir et valoriser ses ressources fondamentales.
L’arrivée de nouveaux administrateurs au sein du conseil d’Orpea, notamment ceux proposés par la Caisse des dépôts, marque une ère de transformation. Ces changements pourraient signifier une gestion plus transparente et responsable, répondant ainsi aux préoccupations soulevées par les récentes controverses. Avec ces mesures, Orpea s’engage dans un chemin périlleux mais nécessaire vers la récupération et le renouvellement.