L’injustice règne dans le monde des Ehpad. Alors que les infirmiers et aides-soignants des établissements publics et privés à but non lucratif bénéficient d’une augmentation salariale, ceux des Ehpad commerciaux sont laissés de côté. Une décision qui suscite de vives réactions.
Le gouvernement a récemment annoncé une revalorisation salariale pour les soignants travaillant la nuit et le week-end dans les Ehpad. Cette mesure, initialement destinée aux hôpitaux publics, a été étendue aux maisons de retraite publiques, englobant ainsi une grande partie du secteur. Toutefois, le secteur commercial des Ehpad reste exclu de cette augmentation.
La Fédération hospitalière de France (FHF) a salué cette initiative, soulignant que le travail de nuit serait désormais rémunéré 25% de plus que le jour pour les infirmiers et aides-soignants du secteur public. De plus, l’indemnité pour le travail le dimanche et les jours fériés augmentera de 20%. Ces mesures visent à attirer et fidéliser les professionnels dans un contexte de pénurie de personnel.
Cependant, cette décision n’a pas été bien accueillie par tous. Le secteur privé s’est plaint d’être en partie exclu de ces revalorisations. Les Ehpad publics ont rapidement demandé à l’exécutif d’étendre cette mesure à leur secteur, arguant que le maintien de cette différence de rémunération entre les hôpitaux et les Ehpad créerait des problèmes d’équité.
Les Ehpad publics ont également souligné les difficultés de recrutement qu’ils rencontrent, plus prononcées que dans les centres hospitaliers. En juin dernier, le taux de postes d’infirmiers vacants était supérieur à 12%, et il était de 5,5% pour les aides-soignants.
Face à ces défis, la FHF a mis en garde contre les complications potentielles liées à la mise en œuvre de ces revalorisations. Une partie des aides-soignants des Ehpad publics est financée par les départements et non par l’Assurance Maladie. Il est donc essentiel que les départements acceptent de prendre en compte ces augmentations dans leurs financements.
Le secteur privé, déjà confronté à des difficultés financières et à des problèmes de recrutement, se sent lésé par cette décision. Jean-Christophe Amarantinis, président de la fédération des acteurs privés, le Synerpa, a déclaré que cette mesure “marque une rupture d’égalité dans le secteur du grand âge”. Il a rappelé que les revalorisations précédentes avaient concerné tous les professionnels, quel que soit le statut de leur structure.
Les acteurs du secteur non lucratif partagent également ce sentiment d’injustice. Charles Guépratte, directeur général de la Fehap, représentant ce secteur, a déclaré que cette décision était un “coup de massue pour le privé solidaire”. Il a souligné la nécessité de lutter pour une équité de traitement face à la croissance constante des besoins en matière d’accueil et à l’intensification de la pénurie de professionnels.
Les défis du bien-être au travail dans les Ehpad
Le monde des Ehpad est en constante évolution, et avec lui, les défis auxquels sont confrontés les professionnels de santé. Les nouvelles méthodes de fonctionnement et les politiques d’optimisation des coûts ont accru les contraintes physiques, psychologiques et organisationnelles des salariés. En période de crise sanitaire, ces contraintes peuvent avoir un impact majeur sur la santé au travail des employés.
Le bien-être au travail est devenu un enjeu majeur pour les dirigeants des Ehpad. Il influence directement la performance des établissements. Si une organisation ne parvient pas à alléger les contraintes de travail, elle peut toutefois fournir des ressources adaptées pour compenser les effets des conditions difficiles.
Une enquête menée auprès de professionnels d’un Ehpad à but non lucratif a révélé plusieurs problèmes majeurs. Parmi eux, une charge de travail excessive, un manque de temps, et des dysfonctionnements organisationnels. Ces problèmes sont partagés par les managers et le personnel opérationnel. De plus, la relation managériale est souvent perçue comme altérée, avec des managers peu disponibles et peu ouverts à la discussion.
Le manque de ressources sociales est également un problème majeur. Dans un secteur où les valeurs humaines sont essentielles, le soutien de la hiérarchie et des collègues est crucial. Cependant, de nombreux employés ressentent une dégradation de la relation avec leurs managers, perçus comme autoritaires ou absents.
Les défis organisationnels sont également préoccupants. L’absence de clarté sur la répartition des rôles et le manque d’informations peuvent nuire au bien-être au travail. Les managers, souvent débordés, ont du mal à observer et à comprendre les pratiques professionnelles de leurs équipes. La formalisation excessive, résultant des réformes du secteur médico-social, semble détourner l’énergie des managers.
Face à ces défis, les professionnels sollicitent le soutien social de leurs supérieurs. Ce soutien est essentiel pour faire face à la souffrance au travail. Les managers des Ehpad doivent donc être à l’écoute, reconnaître et valoriser le travail de chacun, et fournir les ressources nécessaires pour assurer une prise en charge de qualité.