Un vent de tristesse et d’inquiétude souffle sur l’Ehpad Les Marais à Pleine-Fougères. La structure, touchée par une grave toxi-infection alimentaire fin octobre, compte désormais quatre victimes parmi ses résidents. Le procureur de la République de Saint-Malo a ouvert une enquête pour homicides et blessures involontaires. Ce tragique événement soulève des questions cruciales sur la sécurité alimentaire et la gestion des risques dans les établissements de soins pour personnes âgées.
Le 31 octobre dernier, l’Ehpad Les Marais, géré par l’association clinique Saint-Joseph à Pleine-Fougères, est entré dans une période sombre. Un communiqué diffusé le 10 novembre fait état d’un deuil et de crises successives. La cause ? Une toxi-infection alimentaire d’une rare violence.
Trois jours avant la diffusion de ce communiqué, l’établissement annonçait le décès de trois de ses résidents, victimes d’une intoxication alimentaire. Au total, 40 des 67 résidents ont été touchés, présentant des symptômes digestifs très violents. La situation s’est aggravée avec le décès d’une quatrième résidente, hospitalisée et décédée le 11 novembre.
Le procureur de la République de Saint-Malo, Fabrice Trémel, a réagi rapidement. Dès le 4 novembre, il était informé des décès et du nombre total de résidents affectés. Il a alors prescrit l’ouverture d’une enquête préliminaire pour homicides et blessures involontaires, impliquant plusieurs services d’investigation.
La famille d’un des résidents décédés a déposé une plainte, accentuant la gravité de la situation. Des autopsies ont été pratiquées sur deux victimes, et les résultats sont attendus avec impatience pour éclaircir les circonstances exactes de ces tragédies.
Le rapport de la Direction Départementale de la Protection des Populations (DDPP), saisi dans le cadre de l’enquête, a mis en lumière des non-conformités alarmantes. Plusieurs plats servis dans l’établissement étaient contaminés par des seuils anormaux de deux bactéries.
L’Ehpad a rapidement pointé du doigt son prestataire alimentaire, Medirest Compass, en service depuis mai 2020. Des mesures d’urgence ont été prises pour garantir la sécurité et la qualité de l’accompagnement, tandis que des psychologues ont été dépêchés sur place pour soutenir résidents, familles et salariés affectés.
Medirest, de son côté, exprime sa profonde tristesse face au drame et assure coopérer pleinement avec les autorités. La société souligne que la santé et la sécurité sont au cœur de ses priorités et prend très au sérieux les questions soulevées par cette affaire.
Cette tragédie souligne l’importance de la vigilance et de la rigueur dans la gestion des risques liés à la sécurité alimentaire, surtout dans des structures accueillant des personnes vulnérables. Elle met en lumière les défis auxquels sont confrontés les établissements de soins pour personnes âgées et la nécessité d’un contrôle rigoureux des prestataires de services.
Sécurité Alimentaire en EHPAD : Stratégies et Pratiques Essentielles
La tragédie survenue à l’Ehpad Les Marais à Pleine-Fougères met en lumière l’importance cruciale de la sécurité alimentaire dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Face à cette responsabilité, diverses mesures préventives et stratégies sont mises en œuvre pour garantir non seulement la qualité mais aussi la sécurité des repas servis. Ces mesures sont d’autant plus essentielles que les résidents des EHPAD sont souvent plus vulnérables aux toxi-infections alimentaires en raison de leur âge et de leur état de santé.
1. Compréhension des besoins nutritionnels : La première étape vers une sécurité alimentaire efficace est la compréhension des besoins nutritionnels spécifiques des personnes âgées. Cela implique une alimentation riche en protéines, vitamines et minéraux, adaptée pour prévenir la dénutrition et favoriser le bien-être des résidents.
2. Respect des normes d’hygiène : La mise en place de formations régulières sur les bonnes pratiques d’hygiène est primordiale. L’Agence Régionale de Santé (ARS) a recensé des manquements aux règles d’hygiène dans certains établissements, soulignant la nécessité de contrôles stricts et de formations continues.
3. Adaptation des menus : Les goûts et besoins des résidents varient en fonction de leur état de santé et de leurs préférences culturelles. Il est donc crucial d’adapter les menus pour répondre à ces diverses exigences, en tenant compte des particularités individuelles.
4. Participation des résidents : Impliquer les résidents dans l’élaboration des menus peut augmenter leur intérêt pour la nourriture et améliorer leur bien-être. Cette participation favorise une consommation accrue de fruits et légumes, comme le démontre une étude de l’INRA.
5. Réduction du gaspillage alimentaire : Les EHPAD sont encouragés à mettre en place des actions de sensibilisation et à ajuster les portions en fonction des besoins réels pour minimiser le gaspillage.
6. Promotion de l’achat local et durable : Encourager les circuits courts et les produits bio contribue à la qualité de l’alimentation. Le gouvernement français vise à intégrer 50 % de produits locaux et bio dans les menus des EHPAD d’ici 2025.
7. Amélioration de l’ambiance des repas : Un environnement convivial et chaleureux pendant les repas favorise la consommation et le bien-être des résidents.
8. Collaboration avec les familles et professionnels de santé : Travailler étroitement avec les familles et les professionnels de santé permet d’ajuster au mieux l’alimentation des résidents en fonction de leurs besoins spécifiques.
9. S’inspirer des pratiques internationales : Des programmes comme celui mis en place en Suède, “Matglädje i Äldreomsorgen”, peuvent servir de modèle pour améliorer la qualité des repas en EHPAD.
10. Evaluation et ajustement continus : Pour maintenir une alimentation saine et équilibrée, il est essentiel d’évaluer régulièrement les pratiques et d’ajuster les actions en fonction des résultats obtenus.
Par ailleurs, la méthode Hazard Analysis Critical Control Point (HACCP) s’avère être un outil essentiel dans la gestion des risques liés à l’hygiène alimentaire en EHPAD. Cette méthode, qui comprend l’identification des risques, l’analyse des points critiques et le contrôle des températures, assure une gestion rigoureuse de la chaîne alimentaire, de la préparation à la distribution. Elle comprend également l’hygiène du personnel et des contrôles microbiologiques réguliers.