Les établissements pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) sont au cœur d’une controverse. La qualité nutritionnelle, vantée sur papier, est-elle vraiment au rendez-vous dans les assiettes ? Une récente enquête du magazine 60 Millions de consommateurs met en lumière des réalités troublantes.
L’Institut national de la consommation (INC) a collaboré avec le magazine pour sonder la qualité des repas servis en Ehpad. 255 questionnaires ont été analysés, majoritairement remplis par les familles des résidents. Les résultats sont révélateurs. Les menus, en apparence équilibrés, cachent des lacunes. Les déjeuners sont riches en féculents, mais les dîners en manquent souvent. Bien que les légumes soient présents en quantité, les fruits ne sont servis qu’une fois par jour.
La viande, source de protéines de qualité, est présente entre 5 et 11 fois par semaine. Les produits laitiers, essentiels pour le calcium et les protéines, sont quasi omniprésents. Sur le papier, tout semble parfait. Mais la réalité est différente.
Pour que ces apports nutritionnels soient bénéfiques, encore faut-il que les repas soient consommés. Or, 31% des résidents ont besoin d’aide pour manger. Le manque d’aidants est criant : 87% des répondants estiment que l’aide est insuffisante. Les repas refroidissent, l’appétit s’envole.
La cuisine sur place, vantée par 56% des établissements, n’est parfois qu’une illusion. Assembler ou réchauffer ne signifie pas “fait-maison”. La qualité en pâtit. De plus, 41% des sondés déclarent que les mêmes plats reviennent chaque semaine, engendrant une lassitude.
Les témoignages et photos reçues par les enquêteurs sont éloquents. Des plateaux peu appétissants, des fruits durs, des portions réduites. Pire encore, la nourriture mixée est servie à la moitié des résidents, sans justification médicale pour certains. La dénutrition guette : un résident sur cinq ne finit jamais son assiette.
Le temps de jeûne nocturne est également préoccupant, dépassant 12 heures dans 75% des cas. Et le budget ? Certains Ehpad doivent assurer tous les repas avec moins de 6 euros par personne.
L’INC et 60 Millions de consommateurs ne cherchent pas à stigmatiser. Leur but est de faire évoluer les choses. Ils appellent à une hausse du taux d’encadrement, une contribution accrue des collectivités et de l’État, un effort de présentation des repas et un suivi régulier du poids des résidents.
L’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) rejoint cette cause. Elle pointe du doigt les départements, accusés de négliger la qualité des repas. À la veille d’un débat parlementaire crucial, l’heure est à l’action. Pour le bien-être de nos aînés, il est temps de repenser l’alimentation en Ehpad.
Ehpad : Attention aux généralisations hâtives
L’enquête de 60 Millions de consommateurs a jeté un éclairage cru sur la situation alimentaire dans les Ehpad. Toutefois, il est essentiel de ne pas tomber dans le piège de la généralisation. Tous les Ehpad ne sont pas logés à la même enseigne, et il serait injuste de peindre tous ces établissements avec le même pinceau.
Il est indéniable que certains établissements rencontrent des défis budgétaires. Selon les informations recueillies, les contraintes financières poussent certains Ehpad à fournir des repas pour des montants souvent inférieurs à 6 € par jour, voire jusqu’à 3 € selon certains témoignages. Cependant, il est crucial de comprendre que ces chiffres ne représentent pas la norme pour tous les Ehpad.
De plus, l’enquête a mis en lumière des périodes de jeûne prolongées entre le dîner et le petit-déjeuner. Bien que cela soit préoccupant, il est essentiel de noter que ces situations ne sont pas universelles. Chaque Ehpad a ses propres protocoles et horaires, et il est crucial de ne pas généraliser sur la base d’une seule enquête.
Il est également important de souligner que, malgré les défis, de nombreux Ehpad s’efforcent d’offrir une expérience culinaire à la fois nutritive et agréable à leurs résidents. Ces établissements méritent d’être reconnus pour leurs efforts continus pour améliorer la qualité de vie de leurs résidents.
Il est clair que des améliorations sont nécessaires. Les recommandations de 60 Millions de consommateurs sont pertinentes, notamment en ce qui concerne l’augmentation de l’encadrement des résidents et le renforcement du soutien financier des collectivités et de l’État. Cependant, il est essentiel de se rappeler que chaque Ehpad est unique. Avant de tirer des conclusions hâtives, il est crucial de prendre en compte la diversité des situations et des défis auxquels sont confrontés ces établissements.